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Il y avait 4000 journalistes l’an dernier à la conférence de Copenhague sur les changements climatiques. On en attend beaucoup moins la semaine prochaine à Cancun. Sur tous les fronts, c’est le journalisme environnemental qui continue de reculer.

Ça avait commencé au moins un an avant Copenhague mais l’échec de cette conférence annuelle des Nations Unies a empiré les choses. La journaliste australienne Margot O’Neill, de retour d’une sabbatique d’un an à l’Université Oxford, en Angleterre, faisait ce constat le 3 novembre :

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Où sont rendus tous les reportages sur les changements climatiques? « Les [responsables de la programmation] sont contre, parce que ça fait baisser leurs cotes d’écoute », déclare un journaliste senior de la BBC. « La vague d’intérêt est disparue. Il y a une fatigue climatique. C’est pourquoi je n’en parle plus maintenant. »

D’autres confirment. Même des journalistes du Guardian, lui qui cible tout particulièrement les reportages en environnement, se plaignent de la difficulté à obtenir de l’espace. Un autre journaliste de la télé britannique dit qu’il a été prévenu que de mettre le climat aux heures de grande écoute risquait de faire perdre un million de téléspectateurs.

Le climategate, à son avis, aurait eu lui aussi un impact, en tout cas plus fort en Grande-Bretagne qu’ailleurs, et ce jusque chez des éditeurs.

Mais même sans cela, le journalisme environnemental était déjà en crise. Deux illustrations en 2010 :

  • En mai, le cyber-magazine environnemental Grist lançait un vidéo humoristique, inspiré des campagnes de défense des espèces en voie d’extinction : Sauvez les journalistes menacés . « Dans les années 1990, les journalistes environnementaux étaient aussi répandus que les chameaux dans le désert, mais le nouveau millénaire n’a pas été tendre pour cette espèce fragile... Sans votre aide, ces magnifiques spécimens pourraient se retrouver sans un sanctuaire. »
  • Deux médias américains spécialisés en environnement ont fermé cet été ou redéfini leurs opérations plus modestement : le magazine de l’Institut Worldwatch, groupe de recherche sur les défis environnementaux du siècle, a cessé de paraître après 22 ans, et The Environment Report , une émission de radio diffusée depuis 1995 dans plusieurs stations à travers les États-Unis, s’est repliée sur son rôle original, celui d’une émission régionale.

En même temps, il ne faut pas tomber dans l’autre extrême, et croire naïvement que plus de reportages sur plus d’études scientifiques feraient changer d’avis les climatosceptiques, ou toutes les personnes qui, de bonne foi, ont mordu à l’hameçon du climategate . Ceux-là ont déjà eu droit à une abondance d’informations sur les changements climatiques, et ça ne les a pas fait changer d’idée. Il faut donc bien davantage revenir à la base, expliquer comment se construit la science, expliquer ce que « consensus » veut dire, distinguer le fait de l’opinion... Et jeter des ponts entre la science du climat et la culture, les sciences sociales et les autres sciences. Gros programme.

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