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Petit matin gris, j’avais décidé de vous faire un petit billet de blogue sur Noël et notre frénésie de consommation et je cherchais un angle scientifique pour faire passer le message que nous pesons trop sur notre planète et notre environnement, et qu’il est temps d’opter pour un Noël vert.

Malheureusement, l’actualité m’a rattrapé. Tout d’abord avec cette annonce: Québec coupe les vivres aux Débrouillards !

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Les revues de vulgarisation scientifique Les Débrouillards, Les Explorateurs, Curium ne sont pas seulement la lecture préférée de ma fille, il s’agit aussi de beaux rejetons des publications BLD, issu de l’Agence Science-Presse. Il y a 30 ans, le directeur d’alors, Félix Maltais se lançait dans l’édition à destination de jeunes curieux, il faisait alors un beau pari : que la science intéresse les jeunes et qu'ils sont prêts à s’abonner pour avoir un magazine québécois de science avec un contenu varié et audacieux, tout en étant rigoureux.

Ce n’est pas facile d’écrire pour les jeunes, avec eux vous ne pouvez pas biaiser ou tourner les coins ronds, je le sais, j’y ai collaboré assez longtemps pour considérer la formidable équipe des Débrouillards/Explos comme des amis. Cette nouvelle m’affecte donc à double titre, comme parent d’une jeune débrouillarde et exploratrice passionnée et comme journaliste scientifique.

Il faut aussi que je vous parle d’une autre triste nouvelle… celle-ci me touche plus directement. L’Agence Science-Presse aussi vient d’être atteinte par le même couperet. Le gouvernement québécois a mis la hache dans les subventions de l’Agence Science-Presse.

Nous perdons ainsi 70% de notre budget. Je vous laisse imaginer la suite pour les quatre employés (deux temps plein) mais aussi les pigistes, les stagiaires et les autres collègues de la culture scientifique que nous ne pourrons plus publier, former, soutenir ou même porter les idées et les talents auprès de vous.

35 ans de loyaux services à la culture scientifique

Cette réalité commence demain. Permettez-moi que je m’attarde encore un peu à aujourd’hui. Cela fait tout juste un an que nous fêtions nos 35 ans, fin novembre 2013. Cela avait donné lieu à des réjouissances bien particulières, toute une journée de formation, de retrouvailles et de coups de chapeau à tous les acteurs, blogueurs et journalistes, et aussi à tous les fidèles de l’Agence Science-Presse. Une véritable fête en très bonne compagnie: le scientifique en chef Rémi Quirion, le ministre de l’Enseignement supérieur, Recherche, Science et Technologie Pierre Duchesne, le journaliste, vulgarisateur et animateur de Découverte Charles Tisseyre et le journaliste scientifique au Téléjournal de Radio-Canada Michel Rochon, le chroniqueur scientifique au Code Chastenay Pascal Forget, l’éditeur des Débrouillards Félix Maltais et bien d’autres acteurs de la culture scientifique québécoise.

Laissez-moi juste souligner le comité dévoué des festivités: Anne Fleischman, journaliste indépendante et animatrice des communautés à l’Agence, Annie Labrecque, webmestre aux Débrouillards, journaliste multi-talents et vidéaste Connie Byrne qui ont épaulé notre équipe et les multiples coups de pouce de Brïte, Claudine, Jérémy et j’en oublie. Je voudrais, encore une fois, vous remercier tous d’avoir rendu ce rêve possible.

Seule agence de nouvelles scientifiques francophones de la planète —c'est bon de se le rappeler— lors de notre 35ème anniversaire, notre Pleins feux tournait pour la première fois sa lumière —nous avions réalisé aussi une émission spéciale sur ce média pas comme les autres.

Frappée par la foudre

Pour tout vous avouer, cela faisait pourtant deux ans que l’on vivait dans un climat peu propice aux réjouissances. Nous avions vu, en avril de l’an dernier, notre soutien réduit de 10%. Cela nous avait obligé à faire des choix douloureux : se séparer des kiosques thématiques que portaient avec beaucoup de dévouement des journalistes pigistes – des jeunes femmes talentueuses à qui nous aurions aimé offrir l’inverse: plus de travail! — mais aussi de réduire les nouvelles québécoises de deux textes par semaine à un seul.

Imaginez-vous les choix déchirants pour décider de la «bonne» nouvelle hebdomadaire dans tout ce qui se fait comme belles réalisations et recherches scientifiques au Québec. Contrairement à ce que l’on lit dans nos médias, le milieu québécois de la recherche scientifique et technique foisonne et sa richesse rejaillit sur notre qualité de vie malgré un climat rude et rigoureux. Nous sommes plus que de simples patenteux, nous avons un grand bassin de scientifiques brillants dans les universités, les centres de recherche, les laboratoires… ce sont eux qui façonnent le monde de demain.

Et bon nombre de ces scientifiques québécois et canadiens ne peuvent plus s’exprimer aussi librement qu’avant. Ils sont muselés par un gouvernement fédéral frileux qui devrait plutôt faire rejaillir sur eux les phares de la renommée et les encourager à continuer leur beau travail. Bien avant que l’Association américaine pour l’avancement des sciences n’en parle et fasse ainsi porter l’attention de nombreux médias internationaux, Je vote pour la science avait tendu le micro à des scientifiques et fait écho à cet état de politisation de la science.

Dernièrement, nous avions décidé de parler de l’austérité québécoise. Elle touche le milieu scientifique, la culture scientifique et donc nous affecte tous. Elle s'inscrit dans le même mouvement néo-libéral et conservateur de «couper dans le gras inutile» —éducation, santé et services sociaux, arts et culture scientifique— pour ne conserver que ce qui rapporte en espèces sonnantes et trébuchantes.

L’Agence Science-Presse vient d’être touchée par cette foudre. Comment survivre lorsque 70% de notre revenu disparaît? Allons-nous disparaître à notre tour? Ou plus grave encore, qu’arrivera-t-il à la culture scientifique québécoise dont le journalisme scientifique est son plus vaillant fer de lance?

J’attends vos commentaires et vos réponses.

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