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Qu’est-ce qu’on fait quand on voit passer une nouvelle plus qu’inquiétante au sujet de la recherche au Québec, qu’on veut utiliser la tribune de notre blogue pour la relayer, mais qu’à cause de la supervision de la mise en page en cours d’un livre qu’on a écrit, on n’a vraiment pas beaucoup de temps pour rédiger un billet de blogue original ? On emprunte simplement les mots de ceux et celles qui en ont déjà bien parlé…

À commencer par Jonathan Durand-Folco, prof en innovation sociale à l’Université Saint-Paul, qui a d’abord attiré mon attention en écrivant sur les réseaux sociaux que :

« Le gouvernement Legault s’apprête à transformer radicalement le modèle de financement de la recherche universitaire en abolissant les trois Fonds de recherche du Québec (santé ; nature et technologie ; société et culture) pour les fusionner en une seule entité sous l’égide du ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie. Autrement dit, Pierre Fitzgibbon, qui a déjà l’un des ministères les plus puissants du Québec, veut maintenant arrimer la recherche universitaire aux impératifs économiques et les priorités du gouvernement. Cela est très dangereux pour la liberté académique. »

Il faisait ainsi écho à la lettre ouverte de Madeleine Pastinelli, présidente de la Fédération québécoise des professeures et professeurs d’université, dans le Devoir du 16 mars dernier qui tirait la sonnette d’alarme:

« L’objectif est censément de « rendre la gouvernance plus cohérente », de « maximiser les synergies » pour faciliter la recherche intersectorielle et de mettre en place une structure « plus agile ». Apparemment, il s’agit surtout, d’une part, de centraliser la gouvernance avec un unique conseil d’administration, dont les deux tiers des membres seraient choisis par le gouvernement et n’auraient aucun lien avec le monde de la recherche, et, d’autre part, d’uniformiser les modes de structuration et d’évaluation de la recherche d’une manière qui permettra de promouvoir plus particulièrement la recherche en fonction de ses éventuelles retombées économiques ou de son potentiel d’innovation. »

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J’en arrive finalement aux mots d’une troisième personne pour vulgariser le plus clairement et directement possible ce qui est en jeu ici. J’ai en effet consulté, comme je le fais depuis le début de mon projet de livre, mon camarade qui n’a pas la langue dans sa poche et qui a joué un peu le rôle d’avocat du diable durant toute les rencontres ayant conduit à l’écriture de mon livre. Je résume à grands traits ce qu’il m’a dit quand je lui en ai parlé, en conservant son langage imagé…

« C’est encore la même criss de centralisation que ce gouvernement-là pousse dans tous les domaines. En santé, en éducation, ou ici en recherche, on donne toujours plus de pouvoir à une couple de ministres qui vont décider d’en haut sans consulter personne. Et ô, surprise, c’est toujours vers plus de place au privé, plus de subventions aux entreprises, plus de formation et de recherche financées avec nos impôts qui vont servir avant tout à des mégaprojets de « développement économique », mais « durable » hein ! Amènes-en des guillemets, on en a en masse pour couvrir un système d’exploitation, de destruction, pis d’aliénation qui s’appelle le capitalisme et qui est en train de mettre en péril rien de moins que les conditions de vie sur notre planète. Ces politiciens-là qui attendent juste les portes-tournantes de la fin de leur mandat pour s’en mettre plein les poches avec leurs p’tits amis affairistes écocidaires grâce aux lois qu’y auront traficoté à leur avantage, c’est des criminels à cravate, ostie! »

Bien que je ne me reconnaisse pas toujours dans les emportements métaphoriques de mon collègue, je dois dire que je peux difficilement être en désaccord avec lui sur le fond. J’ajouterais même qu’en menaçant le soutien financier à la fois de la recherche fondamentale sur notre monde qui subit actuellement de dangereux bouleversements, et à la fois des sciences humaines favorisant les pensées critiques essentielles qui questionnent les fondements de notre rapport à ce monde, le projet de loi 44 du gouvernement Legault constitue en quelque sorte le « crime parfait » (moi aussi je peux en mettre des guillemets…), parce qu’il permettrais d’affaiblir la diversité et l’autonomie de la recherche universitaire chèrement gagnée depuis au moins 20 ans au Québec. C’est pourquoi il faut s’y opposer avec toute la vigueur nécessaire.

Je donne