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Aimeriez-vous avoir une peau en plastique?
Est-ce du plastique ou de la peau ? Les deux!
Que pensez-vous de cette découverte?
Discutez-en dans le forum Science-Presse/Médito
C'est en effet, une peau... en plastique. Ou si vous préférez,
du plastique qui, comme la peau, possède l'extraordinaire
capacité... de se régénérer. De réparer
ses "blessures".
C'est le dernier exploit, et non le moindre, du génie
biotechnologique. Et cette fois, ce n'est pas la médecine
qui salive devant cette percée, mais l'industrie des matériaux:
la nouvelle n'était pas passée sur les fils de
presse que, déjà, on se mettait à phantasmer
sur les
usages d'un plastique auto-guérisseur: par exemple,
sur les parois de la navette spatiale, afin de boucher les mini-fissures
creusées par le gel, comme ce qui s'était passé
avec la désastreuse navette Challenger, en 1986. Ou sur
les ponts, également affectés par le gel et le
dégel. Sur les téléphones cellulaires, qui
pourraient ainsi s'auto-réparer lorsqu'ils sont éraflés
à la suite d'une chute. Les raquettes de tennis, qui subissent
de fortes tensions entraînant des bris. Les organes artificiels.
Bref, partout où il y a du plastique dans notre société
-ce qui revient à dire, partout dans notre société
!
L'exploit est l'oeuvre d'une équipe de l'équipe
de l'Université de l'Illinois à Urbana-Champaign,
et est décrit comme un "coup de génie"
dans la dernière édition de la revue Nature.
Il ne s'agit pas à proprement d'un nouveau matériau,
mais plutôt d'un amalgame de technologies déjà
connues: d'une part, un réseau de polymères tout
ce qu'il y a de classique, donc susceptible de s'étirer,
de se tordre et par conséquent, éventuellement,
susceptible de craquer ou de se trouer. Un peu partout dans ce
matériau, ont été glissées de minuscules
capsules contenant un liquide "guérisseur"
-des capsules qui font tout juste 50 millièmes de millimètre
de diamètre!
Le liquide, appelé dicyclopentadiène, est libéré
par la capsule lorsque le matériau qui l'entoure subit
une altération -par exemple, une déchirure. Et
sous nos yeux éblouis, le liquide se "polymérise"
-ce qui signifie qu'il se transforme lui aussi en un réseau
de polymères, microscopique, mais suffisant pour combler
le trou.
Evidemment, encore faut-il que les capsules soient juste assez
rigides pour soutenir une certaine pression, et juste assez souples
pour céder au bon moment. L'essentiel de la percée
technologique est là. L'équipe dirigée par
Scott White affirme en être arrivée à un
taux de succès de 75%, après avoir accordé
à ses matériaux-cobayes deux jours pour "récupérer".
Ils ne sont toutefois pas les premiers à avoir mis
au point une structure composite "auto-réparatrice":
dès 1993, une équipe américaine décrivait
un matériau "passif, intelligent et auto-réparateur
dans un matériau composite de polymères".
Le taux de succès du dernier-né est plus prometteur,
mais c'est son coût de production qui décidera de
tout, avant qu'on décide de l'employer sur une raquette
de tennis ou sur une navette spatiale...
"Les applications sont énormes, salive déjà
Scott White, en entrevue au New Scientist. Si, ajoute-t-il
aussitôt, nous pouvons atteindre tous nos objectifs techniques
à un coût raisonnable." Mais dans tous les
cas, il vient peut-être de montrer aux ingénieurs
des matériaux la route du futur...
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