LEtna est sans doute
le mieux connu des volcans. Comme il est
en activité depuis deux millions
et demi dannées, tous
les groupes dhumains qui sont passés
par cette région dItalie ont
assisté à ses colères.
Et depuis les Grecs, qui avaient établi
une colonie dans les environs, puis les
Romains, ces éruptions ont été
systématiquement notées. Depuis
lan 1500 avant J.C., on en dénombre
environ 200.
Pourtant, 3500 ans plus tard,
on nest toujours pas capable de prédire
le moment de la prochaine éruption.
Ce qui en dit long sur la profondeur de
notre ignorance face à ce qui se
passe là-dessous...
Le Pinatubo aux Philippines
en 1991, la Nouvelle-Guinée en 1994,
Montserrat en 1995, la Colombie en 1985...
Les éruptions majeures, et avec elles
les morts et les destructions, ne manquent
pas dans lhistoire récente.
Rien qu'au cours des deux dernières
semaines, des tremblements de terre importants
ont secoué la Grèce et le
Chili, entre autres.
Dans certains de ces cas par
contre, des signes avant-coureurs ont été
interprétés avec succès,
et des vies ont pu être sauvées,
parce quon a procédé
à lévacuation des villes
et villages proches avec quelques heures,
voire quelques jours, davance.
Mais cest loin dêtre
toujours le cas. La vulcanologie est tout
sauf une science exacte, et, comme le constatent
tristement les spécialistes, les
méthodes employées pour prédire
les soubresauts dun volcan ne fonctionnent
soudain plus chez son voisin.
Cela pourrait bientôt
changer, proclame avec optimisme un article
publié dans la dernière édition
de
la revue Science. Au
cours des deux dernières décennies,
en dépit de maints échecs,
la résolution avec laquelle nous
pouvons observer les déformations
du sol autour dun volcan (y
compris grâce aux satellites)
sest grandement améliorée.
Autrement dit, on dispose de mesures de
plus en plus précises de ce qui se
passe là-dessous dans les heures
et les jours précédant léruption
ce qui permet dimaginer quon
aura, un jour prochain, des signaux dalarmes
universels.
Universels, vraiment? Là,
loptimisme est peut-être exagéré.
Parce quen même temps que leur
vision saméliore, le portrait
apparaît de plus en plus complexe
aux vulcanologues. Un volcan comme Usu,
au Japon, a fait éruption quatre
fois au XXe siècle, et chaque fois,
les signes avant-coureurs furent différents.
Par ailleurs, sur les 1300 volcans actifs
ou potentiellement actifs à travers
le monde, seulement 10% sont suivis systématiquement
par des appareils. Des prévisions
réussies ont été notées
à Hawaii (le Kilauea) et au Japon
(le Sakurajima), de même que pour
des volcans caractérisés par
des éruptions fréquentes mais
moins violentes. Ailleurs en revanche, les
données sont trop maigres, ou le
magma trop imprévisible, ou les instruments
pas encore assez sensibles (si la "chambre"
de magma, par exemple, est enfouie trop
profondément) pour quon puisse
espérer jouer au devin avant bien
longtemps.