
Le 29 décembre
2002

Retour
au sommaire des capsules
Le matin des hallucinés
(Agence Science-Presse) - Que dire de plus,
après que tout eut été dit? Que Brigitte
Boisselier n'est qu'une chimiste, qui n'a aucune compétence
reconnue en technologies de la reproduction? Que ce bébé,
s'il est vraiment un clone, court des risques inacceptables
de souffrir d'un système immunitaire affaibli, d'arthrite,
ou d'un développement moteur ralenti, ou d'une forme
encore inconnue de vieillissement?
La réaction est unanime. "Clonesque",
titre Libération. "Réprobation" titre
simplement La Presse. On rappelle la course au clonage,
ou plutôt la course aux annonces, dans laquelle sont
engagés les raéliens, une course à
la publicité où ils ont toujours su tirer
leur épingle du jeu. Le 13 décembre, Claude
"Raël" Vorilhon disait ainsi, dans une entrevue accordée
au quotidien Le Monde: "Je
suis là pour provoquer, sinon j'ai raté mon
coup". Coup de chapeau pour la provocation.
Aujourd'hui, on en parle comme s'il était
presque là, ce bébé. Mais
qui se souvient de M.J., rappelle, également
dans Le Monde, André Pichot, du CNRS. Cette
fillette, il y a un demi-siècle, fut la première
dont on affirma qu'elle avait été conçue
par parthénogenèse, c'est-à-dire le
développement d'un ovule sans spermatozoïde.
Ce qui lui valut une gloire internationale instantanée.
Puis, l'oubli.
Car des scientifiques l'ont cru, à
l'époque. La génétique n'existant pas
encore, les tests qu'on avait sous la main collaient avec
ce à quoi on s'attendait de la parthénogenèse.
Laquelle, de surcroît, était à l'ordre
du jour: elle avait été réalisée
en laboratoire, sur des insectes, au début du XXe
siècle, puis sur une grenouille, puis chez des lapines
à partir de 1939. Le taux d'échec était
élevé, mais on n'en imagina pas moins que
la parthénogenèse appliquée à
l'humain n'était plus qu'une question d'années.
Comme avec le clonage, lors de la naissance de la brebis
Dolly, annoncée en février 1997.
"M.J. ne semble même pas avoir fait
l'objet d'un suivi médical de la part des scientifiques
qui l'avaient découverte", constate par la suite
Pichot. "Une mode chasse l'autre, en biologie comme partout."
Capsule
suivante
Retour
au sommaire des capsules
Vous aimez cette capsule? L'Agence Science-Presse
en produit des semblables -et des meilleures!- chaque
semaine dans l'édition imprimée d'Hebdo-science
et technologie (vous désirez vous abonner?).
Vous voulez utiliser cette capsule? Contactez-nous!
|