Severino
Antinori,
le
"médecin-qui-fabrique-des-clones",
est-il
un
irresponsable,
un
savant
fou,
un
mégalomane,
ou
toutes
ces
réponses
à
la
fois?
Après
un
article
paru
dans
le
quotidien
français
Libération
vendredi,
qui
rapportait
ses
propos,
selon
lesquels
une
de
ses
patientes
serait
enceinte
du
clone
de
son
époux,
et
en
serait
maintenant
à
sa
17e
semaine
de
grossesse,
voilà
le
médecin
qui,
dès
le
lendemain,
fait
volte-face
et
publie
un
démenti.
Le
terme
"clonage"
est
un
terme
"cinématographique",
affirme
Severino
Antinori
dans
son
communiqué,
et
il
ajoute
ne
lavoir
jamais
employé.
Il
aurait
plutôt
parlé
de
"transfert
de
noyau
somatique".
Ce
qui,
soit
dit
en
passant,
est
la
technique
à
la
base
du
clonage.
Terme
cinématographique?
Pas
pour
les
organisateurs
du
congrès
au
cours
duquel
Antinori
avait
accordé
cette
entrevue
à
Libération:
eux-mêmes
lemploient
à
tour
de
bras,
en
français
comme
en
anglais
(cloning).
Interrogé
à
ce
sujet,
le
généticien
Axel
Kahn
confirme:
"la
totalité
des
travaux
de
transfert
nucléaire
dans
des
ovules,
présentés
dans
les
revues
scientifiques,
l'a
été
sous
le
terme
de
"clonage". "
La
seule
réserve
qui
peut
être
faite,
comme
nous
lavons
fait
souvent
dans
ces
pages,
cest
la
différence
entre
clonage
thérapeutique
et
clonage
reproductif:
le
premier
ne
vise
pas
à
créer
des
bébés,
mais
à
copier
des
cellules
qui
pourraient,
éventuellement,
servir
à
créer
des
organes
en
vue,
par
exemple,
de
transplantations.
Sauf
que
si
le
Dr
Antinori
parlait
dune
patiente
enceinte
de
17
semaines
(15
semaines
au
moment
de
lentretien,
qui
a
eu
lieu
le
1er
juillet),
il
ne
parlait
évidemment
pas
dun
simple
clonage
dune
poignée
de
cellules.
Quant
à
la
journaliste
de
Libération,
elle
persiste
et
signe.
Le
Dr
Antinori
a
déclaré
le
1er
juillet,
à
Vienne:
"parmi
mes
patients,
50
couples
qui
souffrent
d'une
infertilité
masculine
totale
se
sont
portés
volontaires
pour
entrer
dans
un
programme
de
clonage.
J'ai
fait
18
transferts
d'embryon
créés
par
clonage.
Et
j'ai
obtenu
une
grossesse.
Elle
est
dans
sa
quinzième
semaine."
Il
sagissait
dune
rencontre
dheure
et
demie
entre
la
journaliste
et
le
scientifique
italien,
pour
laquelle
il
avait
donné
son
accord
de
principe,
et
cette
entrevue
a
eu
lieu
pendant
le
18e
Congrès
de
la
Société
européenne
de
reproduction
humaine
et
dembryologie.
Ceci
étant
dit,
il
y
a
près
de
trois
mois,
en
avril
(voir
ce
texte),
Antinori
avait
affirmé
que
trois
patientes
"de
son
réseau
de
spécialistes"
-façon
déviter
den
attribuer
à
lui
seul
la
responsabilité-
étaient
enceintes
de
clones,
et
que
les
naissances
étaient
prévues
pour
les
environs
de
décembre
2002.
Dont
deux
en
Russie.
Aujourdhui,
il
nest
plus
question
que
dune
seule
patiente.
Où
sont
passées
les
deux
autres?
Pour
un
événement
scientifique
dune
pareille
importance
sil
existe
ailleurs
que
dans
son
imagination-
cest
pour
le
moins
étonnant
de
voir
le
scientifique
qui
en
est
"lauteur"
oublier
aussi
vite...
Celui
qui
était
décrit
jusquà
il
y
a
quelques
mois
comme
son
collaborateur,
lAméricain
Panos
Zavos,
nest
plus
dans
le
coup.
"Je
ne
sais
rien
des
clones
dont
parle
Severino,
a-t-il
déclaré
à
Libération.
On
est
amis
depuis
dix-huit
ans,
on
le
reste,
mais
pour
le
clonage,
on
ne
marche
plus
ensemble."
Et
dajouter :
"Severino
n'a
pas
d'équipe."
Mais
lui
en
a
une.
Et
sil
ne
marche
plus
avec
Severino
dans
laffaire
du
clonage,
ce
nest
pas
parce
quil
renie
le
clonage :
"2002
sera
l'année
du
clone.
Au
moins
d'une
grossesse."
Reste
à
savoir
où.
En
Italie,
pays
où
réside
le
Dr
Antinori,
le
clonage
humain
sera
passible,
peut-être
dici
la
fin
de
lété,
de
10
à
20
ans
de
prison.
Vingt
et
un
pays
linterdisent
déjà
par
loi
(dont
le
Royaume-Uni,
le
Japon,
lAllemagne,
lAutriche
et
la
Suisse,
mais
ni
le
Canada
ni
la
France)
en
plus
de
six
États
américains
(dont
la
Californie)
et
de
trois
provinces
australiennes.