Le 10 juillet 2003
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Information scientifique gratuite: les gouvernements
s'en mêlent
(Agence Science-Presse) - L'idée de
publier la recherche scientifique gratuitement continue
de faire son chemin. Voilà que des représentants
de deux gouvernements, le britannique et l'américain,
introduisent pour la première fois le bout du gros
orteil dans le débat.
Au pays de James Bond, le gouvernement a annoncé
en juin qu'il paierait les coûts de publication à
tout chercheur britannique qui soumettra un article à
une publication membre de BioMed Central. Il s'agit d'une
compagnie britannique qui regroupe sous son aile des revues
savantes dont tous les articles sont offerts gratuitement
aux lecteurs mais qui demande aux chercheurs de payer
pour y être publiés.
Moins d'un mois plus tard, un élu au
Congrès américain a déposé un
projet de loi destiné à empêcher les
éditeurs privés de s'arroger l'exclusivité
d'une information en l'occurrence, un article de chercheur
lorsqu'il s'agit d'une recherche financée avec des
fonds gouvernementaux. Une façon de mettre des bâtons
dans les roues à ces revues scientifiques qui, depuis
quelques années, réservent l'accès
aux données à ceux qui pourront payer le gros
prix.
Deux démarches qui vont dans deux directions
différentes l'une, la britannique, qui donne
un coup de pouce aux auteurs, l'autre, l'américaine,
qui donne un coup de pouce aux lecteurs mais qui convergent
en réalité vers le même but: qu'un maximum
de chercheurs et de profs, et d'étudiants,
et de bibliothécaires puissent avoir accès
gratuitement à un maximum d'informations.
Encore qu'il y ait des doutes. Interrogé
par la revue américaine Science l'une
des revues qui s'est justement arrogé, ces deux dernières
années, le droit de "réserver" l'information,
nommément sur le génome, à ceux qui
avaient les moyens de payer le chimiste Stephen Barry,
de l'Université de Chicago, doute que le projet américain
facilite vraiment l'accès à l'information;
à ses yeux, cela pourrait égratigner au passage
le droit d'auteur, plus précisément le droit
de l'auteur son droit de contrôler l'utilisation qui
sera faite de son article... et d'en tirer profit.
Les bibliothécaires par contre, ne
s'en plaindront pas, eux qui furent les premiers, au milieu
des années 90, à monter au créneau
pour dénoncer la hausse fulgurante des tarifs d'abonnements
aux revues savantes. Et plus les grands éditeurs
fusionnent, plus les prix augmentent.
Les bibliothécaires se sont dès
lors mis à utiliser un argument devenu gênant
pour le gouvernement: "le public-contribuable paie
deux fois pour la science". Une première fois
par l'intermédiaire des fonds publics qui financent
une recherche scientifique, et une deuxième fois
lorsque les universités utilisent des fonds publics
pour s'abonner aux revues qui publient les résultats
de cette même recherche.
Ce sont ces doléances qui ont conduit
d'autres chercheurs à créer des sites web,
comme BioMed Central, se donnant pour mission de rassembler
sous un même chapeau un maximum de revues gratuites.
Et un lobbying est né réclamant des plus grosses
revues qu'elles se joignent à ce mouvement du tout-gratuit.
Un mouvement appelé Public Library of Science
fait circuler à cette fin une pétition qui,
depuis 2001, a réuni les signatures de plus de 30
000 scientifiques. Un plus petit nombre réclame même,
depuis le 1er septembre 2001, un boycott des
revues qui refuseront d'offrir leur contenu gratuitement.
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