
Le 25 août 2003

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L'enquête sur Columbia: 250 pages de vieilles
conclusions
(Agence Science-Presse) - C'est cette semaine
que la commission
d'enquête sur l'accident de la navette Columbia remettra
ses conclusions... qui sont déjà connues.
Et qui ne redorent pas le blason de la Nasa.
L'enquête a été en fait
si bien suivie pas à pas que la cause immédiate
a été rendue publique sitôt identifiée:
la chute, à une vitesse vertigineuse, d'un panneau
isolant du réacteur a endommagé une partie
de l'aile de la navette. Au moment de la rentrée
dans l'atmosphère 10 jours plus tard, le 1er
février, l'air extrêmement chaud s'y est engouffré,
faisant littéralement fondre l'intérieur de
l'aile et entraînant une réaction en chaîne
qui a conduit à la désintégration de
l'engin spatial.
Mais les causes plus profondes, elles, sont
également connues, et elles ne plaisent pas. C'est
la culture institutionnelle même de la Nasa, l'agence
spatiale américaine, qui a conduit à cet accident
qui aurait pu être évité. En 250 pages
et 11 chapitres, le rapport revient sur l'ensemble du programme
des navettes -vieux de 20 ans- parle d'un refus d'affronter
la réalité et d'une soumission aux politiques
washingtoniennes: l'accident
de Columbia ne fut que la pointe de l'iceberg, résumions-nous
dans cette même page le 9 juin.
La
politique a-t-elle tué Columbia, demandait également
l'Agence Science-Presse dès le 5 février?
Une hiérarchie où chacun renvoie la balle
à son voisin ou se décharge de ses responsabilités
sur son supérieur; des décisions politiques
contradictoires venues de Washington, mais que la Nasa s'efforce
de suivre, par crainte de perdre un précieux financement.
Avec pour résultat, des problèmes qui s'accumulent
et des bris à la sécurité sur lesquels
on ferme les yeux, faute des budgets nécessaires.
Tôt ou tard, un accident comme celui de Columbia devait
fatalement se produire.
Le plus récent exemple de ce laxisme
est peut-être le fait qu'on ait, en février,
balayé du revers de la main la possiblité
que le morceau du revêtement ait pu endommager l'aile
de Columbia. Egalement troublant est le fait que même
après qu'on eut admis la vague possibilité
que ce revêtement ait pu endommager l'aile, la Nasa
s'est empressée d'écarter tout scénario
alternatif.
Il est certain que les coupes budgétaires
de la dernière décennie ont mis à mal
le programme des navettes. La solution résiderait-elle
dans une privatisation de ce programme, d'autant que celui-ci
n'a jamais été le succès annoncé
par ses promoteurs des années 70? Plusieurs y songent,
en particulier les géants de l'aéronautique
Boeing et Lockheed Martin, déjà les plus gros
fournisseurs privés de la Nasa.
La disparition de la navette Columbia représente
une tragédie, mais
en même temps une opportunité, commentait
par exemple l'éditorial de la revue Nature le
6 février: celle de remettre le programme spatial
américain sur les rails qu'il a quittés il
y a un quart de siècle. La navette est décrite
par les administrateurs de la Nasa eux-mêmes comme
un véhicule dépassé, la station spatiale,
dont la construction aurait dû prendre fin en février
2004, a perdu des plumes depuis 10 ans, et l'exploration
du cosmos n'enthousiasme plus le public depuis longtemps.
"La navette, concluait alors Nature,
n'est qu'un moyen, plutôt qu'une destination en soi.
De même en est-il pour la station spatiale... Un programme
spatial qui ne se donne pas le souci d'explorer est ultimement
voué à se dessécher."
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