Il n'a pas de cerveau. Il n'a même
pas d'organes sexuels. Il se traîne dans la boue.
Mais de tous les invertébrés, c'est bien
notre plus proche parent: son code génétique
et le nôtre en témoignent.
Certes, rassurez-vous, le sympathique
chimpanzé et l'autoritaire gorille sont des cousins
plus rapprochés. Mais le ver de vase, tout au
moins une espèce appelée Xenoturbella
qui se vautre au fond d'un lac suédois, vient
d'être catalogué au cur d'un
groupe d'espèces dont font partie tous les vertébrés,
dont les humains.
"Il est fascinant de penser que l'espèce
depuis longtemps disparue, quelle qu'elle soit, dont
descend ce ver, est la même que pour nous", explique
Max Telford, de l'Université Cambridge, directeur
de l'équipe britannique et danoise qui signe
un article dans la dernière édition de
la revue Nature.
La surprise réside effectivement
dans cette division entre vertébrés (les
espèces dotées d'un squelette, donc une
colonne vertébrale) et invertébrés:
logiquement, ce ver, puisqu'il n'a pas de colonne vertébrale,
comme tout ver qui se respecte, aurait dû appartenir
à la deuxième catégorie, dont font
aussi partie les mollusques, les huîtres, et ainsi
de suite. Or, ce n'est pas le cas, ont constaté
ces chercheurs.
Ce qui promet d'autres recherches, ne
serait-ce que pour comprendre comment se sont faits
les premiers pas de l'évolution des vertébrés,
il y a environ 600 millions d'années.
Le fait que ce Xenoturbella n'ait pas
non plus d'organes sexuels et que les scientifiques
ne soient même pas encore sûrs de la façon
dont il se reproduit, promet là aussi bien du
plaisir...