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semaine du 10 février 2003



2003: l'odyssée dans l'impasse

L'examen de conscience n'a pas encore commencé à la Nasa. Mais chez ceux qui l'ont commencé, il y a unanimité: rien ne va plus pour le programme spatial.

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La disparition de la navette Columbia représente une tragédie, mais en même temps une opportunité, commence l'éditorial de la revue britannique Nature: celle de remettre le programme spatial américain sur les rails qu'il a quittés il y a un quart de siècle.

A trois reprises dans leur histoire, les Américains ont pleuré la mort d'astronautes: mais c'est la première fois qu'ils se retrouvent devant un doute aussi sérieux. Après l'incendie au sol dans la capsule Apollo 1 en 1967, le programme lunaire avait simplement poursuivi sur sa lancée. Après la destruction de la navette Challenger en 1986, le programme des navettes était suffisamment jeune pour qu'on laisse la chance au coureur. Mais à présent, avec Columbia, qui peut dire quel est l'objectif à atteindre? La navette est décrite par les administrateurs de la Nasa eux-mêmes comme un véhicule dépassé, la station spatiale, dont la construction aurait dû prendre fin en février 2004, a perdu des plumes depuis 10 ans, et l'exploration du cosmos n'enthousiasme plus le public depuis longtemps.

Il faut que les choses aillent vraiment mal, pour que sur un site aussi militant que Space.com, on ait pu lire ces derniers jours ce message: "quels sont les bénéfices du voyage spatial? Est-ce que quelqu'u pourrait me les rappeler?"

Les fanas d'astronautiques, rappelait la semaine dernière le New York Times, sont prompts à donner comme justification la curiosité inextinguible des humains et leur désir de conquérir de nouveaux horizons, que ce soit l'Amérique, l'Everest ou la Lune. L'affluence dans les différents planétariums (800 visiteurs à l'heure pour celui de New York!) démontre que le cosmos suscite encore la curiosité. Mais il n'en demeure pas moins qu'une flamme s'est éteinte depuis l'époque héroïque des missions Apollo -mis à part certains moments-clefs comme l'arrivée de Pathfinder sur Mars en 1997 (voir ce texte).

"Notre futur dans l'espace appartient à l'Histoire", titre dans son édition du dimanche le Times, dans le cadre d'un bilan des interrogations de la semaine. "Les rêves et les prédictions des visionnaires ont été rangés au tiroir, sauf dans la fiction (et même les films comme Star Wars ne parlent plus vraiment de voyage spatial, mais de mondes mythiques). Il n'y a plus de Carl Sagan. Les congrès scientifiques sont rarement saisis de concepts audacieux... Sauf pour ces grandioses images de planètes et d'étoiles provenant de sondes automatiques, le vieil enthousiasme pour les vols spatiaux s'est évaporé."

L'éditorialiste de Nature est moins lyrique, mais parle de la même chose, lorsqu'il souligne que l'accident de Columbia survient au moment où l'agence spatiale américaine commençait à repenser sa vision des vols habités: l'avion orbital, cet éventuel successeur de la navette, est réapparu sur les planches à dessin cet automne; si le projet ne se retrouve pas aux poubelles -comme plusieurs avant lui- ce sera le premier concept neuf de véhicule spatial depuis des décennies -depuis, en fait, la navette. Et l'accident est survenu, ironiquement, deux jours avant le dépôt du budget 2004 de la Nasa par son patron, Sean O'Keefe, celui-là même qui, lors de son entrée en poste en décembre 2001, avait été critiqué pour son "manque de vision".

Mais quelles visions proposent justement ceux qui s'étiquettent visionnaires, et ces visions sont-elles réalistes pour sortir de l'impasse?

  • Il y a tout d'abord la réapparition, dans le dernier budget Bush, d'engins spatiaux propulsés par des réacteurs nucléaires (Projet Prométhée: 2 milliards$ sur cinq ans), un concept qui avait été abandonné sous la pression des groupes écologistes. Un réacteur nucléaire est indispensable à une mission de longue durée vers des planètes lointaines: un moteur chimique comme celui de la navette nécessiterait un réservoir gigantesque pour un aussi long voyage, et les moteurs à énergie solaire relèvent encore de la science-fiction.

  • Il y a bien sûr des projets de missions habitées. Les uns mentionnent la Lune pour un observatoire astronomique installé sur sa face cachée; les autres parlent de missions géologiques vers un de ces astéroïdes qui passent régulièrement à proximité de la Terre; les autres encore rêvent d'un télescope spatial successeur d'Hubble, mais installé, lui, sur une orbite éloignée (un demi-million de kilomètres, soit plus loin que la Lune). Et enfin, il y en a plusieurs qui n'ont jamais cessé de rêver à Mars.

Tous ces projets sont technologiquement réalisables dans un délai d'une décennie, mais il faudrait y mettre des sous. Le budget 2004 réclame 39 millions$ pour démarrer une "Human Research Initiative", mais ce ne sera qu'une étude de faisabilité. Pour envoyer des astronautes au-delà de l'orbite terrestre, il faudra bien plus d'argent, un plan à long terme, donc une volonté politique claire, et la nécessité de faire des choix: peut-être rogner dans l'avenir des navettes, voire dans celui de la station.

Réaliste? Comme le rappelle à la revue américaine Science un membre du comité-conseil de la Nasa qui, après l'explosion de Challenger, avait travaillé, à la Maison-Blanche, sur l'avenir de l'agence spatiale, aujourd'hui, "le monde est différent. A l'époque, nous n'avions pas une guerre à l'horizon, et le terrorisme n'était pas la menace nationale."

"La navette, conclut de son côté Nature, n'est qu'un moyen, plutôt qu'une destination en soi. De même en est-il pour la station spatiale... Un programme spatial qui ne se donne pas le souci d'explorer est ultimement voué à se dessécher."

 

 

Pascal Lapointe


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