Le trou n'est pas en train de se reboucher,
loin de là, mais au moins, pour la première
fois, le déclin se fait moins accentué.
La
courbe, qui s'en allait irrésistiblement vers
le bas, commence à s'infléchir.
Ce que cela veut dire, c'est peut-être
qu'on commence à pouvoir mesurer, dans la haute
atmosphère, les effets du bannissement de produits
tels que les CFC (chlorofuorocarbones), utilisés
notamment dans les aérosols et les réfrigérateurs.
Ces produits, blâmés par les scientifiques
dès la fin des années 70 (les trois découvreurs
de l'impact destructeur des CFC décrocheront
le Nobel en 1995), puis interdits par le Protocole de
Montréal en 1987, sont progressivement disparus
de la circulation dans les pays riches dans
les années qui ont suivi; mais
ils restent stagnants, là-haut, pendant des périodes
de temps beaucoup plus longues.
Une partie de ces CFC sera donc encore
là, au-dessus de nos têtes, pendant des
décennies encore. Mais ceux qui grimpent jusque
là-haut sont moins nombreux depuis 15 ans, et
les effets, pour la première fois, commencent
finalement à pouvoir être mesurés.
Ceci dit, il y a du chemin à faire:
il faudra au moins 10 ans avant que la couche d'ozone
ne commence à récupérer, et peut-être
jusqu'à 50 ans avant que la situation ne revienne
à ce qu'elle était avant. La couche d'ozone,
rappelons-le, nous protège des rayons ultraviolets
du Soleil. Ce rayonnement est, à trop forte dose,
mortel pour toute créature vivante
Et il y a encore davantage de chemin à
faire, quand on réalise que ce dont on parle
ici, c'est uniquement de la couche supérieure
de l'ozone, celle qui se trouve dans la haute stratosphère,
entre 35 et 45 kilomètres d'altitude. Pour la
couche inférieure, la
situation ne montre pour l'instant aucun signe d'amélioration.
Or, c'est dans la couche inférieure
que se trouve le très médiatique "trou"
qui se forme chaque printemps au-dessus du Pôle
Sud. Plusieurs experts croient que le réchauffement
de la planète pourrait être coupable: la
hausse des températures retarderait le "guérissement"
de la couche d'ozone.
Mais ces résultats sont néanmoins
encourageants, insiste l'équipe de l'Université
de l'Alabama à Huntsville qui, dirigée
par Michael Newchurch, a analysé plus de 20 années
de données en provenance de trois satellites
et d'instruments au sol, pour en arriver à la
conclusion que le taux de destruction de la couche supérieure
d'ozone, a diminué de moitié depuis les
années 80: de 8% par décennie qu'il était,
ce déclin se chiffrerait désormais entre
3 et 5% par décennie, lit-on dans leur article,
à paraître dans une prochaine édition
des Geophysical Research Letters.
Il ne faudrait pas que ces résultats
conduisent à de la complaisance, s'empresse d'écrire
Michael Newchurch: "nous devrons maintenir les interdits
sur les CFC jusqu'à la fin des temps".