Une
atmosphère
primitive,
telle
qu'elle
existait
il
y
a
4
milliards
d'années,
de
l'eau,
des
décharges
électriques
pour
simuler
les
éclairs.
Et
après
quelques
jours
de
ce
régime,
l'eau
présente
dans
les
récipients
de
verre
se
teintait
d'une
couleur
jaune-brune:
une
présence
active
d'acides
aminés,
des
molécules
organiques
qui
constituent
les
premières
"briques"
de
la
vie.
En
d'autres
termes,
dans
des
conditions
d'une
incroyable
simplicité,
un
scientifique
avait
démontré
que
l'apparition
de
la
vie
sur
notre
planète
n'avait
peut-être
pas
été,
après
tout,
un
phénomène
si
compliqué
qu'il
en
avait
l'air.
Un
peu
de
chimie,
des
conditions
appropriées,
et
ça
y
était.
L'hypothèse
circulait
depuis
plus
d'un
siècle,
elle
reposait
désormais
sur
un
terrain
solide.
L'expérience
avait
été
menée
à
l'automne
1952.
L'article
est
paru
dans
l'édition
du
15
mai
1953
de
la
revue
américaine
Science.
Et
il
a
eu,
sur
le
coup,
un
impact
beaucoup
plus
grand
que
l'article
des
Watson
et
Crick
sur
la
structure
en
double
hélice
de
l'ADN,
paru
deux
semaines
plus
tôt:
alors
qu'il
faudra
aux
biologistes
des
années
avant
de
réaliser
l'importance
de
cette
double
hélice,
tout
le
monde
comprit
immédiatement
les
implications
de
l'expérience
de
Miller.
Les
scientifiques,
mais
aussi
le
grand
public
qui,
avec
une
telle
expérience,
se
trouvait
plongé
dans
une
réflexion
carrément
métaphysique
sur
le
passage
entre
vie
et
non-vie.
Entre
les
molécules
chimiques
de
base
et
les
molécules
chimiques
formant
un
corps
vivant,
il
n'y
avait
peut-être,
somme
toute,
qu'une
différence
de
degrés.
Restait
à
savoir
combien
de
degrés.
Aujourd'hui,
on
sait
que
le
pas
à
franchir
est
plus
grand
que
ce
que
la
"soupe
prébiotique"
de
1953
laissait
soupçonner.
En
fait,
ces
dernières
années,
l'hypothèse
d'une
Terre
déjà
favorable
à
l'apparition
de
la
vie
mais
ayant
reçu
un
coup
de
pouce
de
météorites
riches
en
acides
aminés,
a
pris
du
poids.
On
sait
par
ailleurs
que
l'atmosphère
primitive
reconstituée
en
1953
CH4,
NH3,
H20
et
H2,
pour
les
intimes
ne
correspond
pas
exactement
à
l'atmosphère
qui
enrobait
notre
planète
il
y
a
quatre
milliards
d'années.
Mais
la
base
même
de
cette
expérience,
elle,
reste
valable:
tout
ce
qui
est
biologique
a
une
origine
non-biologique.