Michelle et Jayson Whitaker, en Angleterre,
avaient un fils de trois ans. Aujourd'hui, il en a quatre.
Charlie souffre d'une maladie rare du sang, appelée
anémie de Diamond-Blackfan. Pour espérer
une vie normale, il lui faut une transplantation de
cellules prélevées sur le cordon ombilical
dun donneur compatible.
Autant dire que ce nest pas facile
à trouver. Sauf si Michelle et Jayson donnent
naissance à un autre enfant.
Mais pas nimporte quel enfant, puisquun
autre bébé de ce couple ne serait pas
nécessairement un donneur compatible. Pour en
être sûr, il faut fertiliser plusieurs des
ovules de Michelle en éprouvette et, parmi les
embryons ainsi obtenus, sélectionner celui qui
sera compatible. En termes crus, cela sappelle
choisir un bébé sur mesure.
Au grand soulagement des groupes pro-vie,
les autorités britanniques en charge de ces questions
(Comité britannique sur la fertilisation humaine
et lembryologie) leur ont refusé en août
2002 le droit daller de lavant: trop de
dangers sur l'enfant à naître, a allégué
le comité (voir
ce texte). En octobre, le couple est donc allé
faire inséminer Michelle aux États-Unis,
dans une clinique privée à laquelle aucune
loi ne l'interdisait. L'acte a été accompli
avec succès, et
le bébé, James, est né la semaine
dernière à Sheffield, Angleterre.
Et encore y a-t-il une subtilité.
S'il s'était agi d'une autre maladie, le couple
aurait tout à fait eu le droit de faire cette
sélection d'embryons en Angleterre: car ce qui
y est interdit, ce n'est pas le test génétique
visant à détecter une maladie héréditaire,
mais l'analyse des tissus d'un embryon (seule façon
de détecter lanémie de Diamond-Blackfan).
Ceux qui sont atteints de cette maladie
souffrent d'une carence en globules rouges et meurent
avant l'âge de 30 ans. En théorie, seule
une transplantation de cellules-souches -celles du cordon
ombilical, par exemple- provenant d'un donneur compatible
pourrait sauver la vie de Charlie. Il faudra des mois
pour savoir si James est bel et bien ce donneur compatible.
L'Association des médecins britanniques
s'est réjouie du succès. "En tant que
médecins, nous croyons que lorsque la technologie
existe qui pourrait aider un enfant mourant ou très
malade, sans entraîner de risques pour les autres,
alors il ne peut être que légitime de l'employer
à cet usage."
Et jusqu'où cela sera-t-il légitime?
La suite au prochain numéro.