
Le 3 mai 2005

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David contre Goliath
Un an plus tard, le Canada n'a toujours pas envoyé
de médicaments
(Agence Science-Presse) - Il y a un peu plus
d'un an, le Canada devenait le premier pays à déposer
une loi autorisant l'exportation, vers les pays les plus
pauvres, de médicaments moins coûteux. Un
an plus tard, rien n'a bougé.
Le geste avait réjoui les promoteurs
de médicaments génériques, ces copies
moins coûteuses de médicaments "officiels",
qui se débattent depuis des années entre les
compagnies pharmaceutiques qui défendent leurs
brevets et les règles internationales du commerce
qui obligent les pays à défendre les
compagnies qui défendent leurs brevets.
Reprenons du début. Il y a cinq ans, le dossier
des médicaments génériques avait
suffisamment suscité l'indignation pour obliger
les compagnies pharmaceutiques à reculer: placées
devant le désastre du sida africain, où
des médicaments à bas prix pourraient
sauver des vies, placées de surcroît
devant le désastre de relations publiques qu'entraînait
leur intransigeance, les géants pharmaceutiques
avaient accepté d'ouvrir la porte à
la distribution de médicaments génériques
(pour un résumé, lire David
a fait trébucher Goliath).
Une toute petite porte. Mais les promoteurs des médicaments
génériques, dont en tout premier lieu
des gouvernements comme le Brésil (voir ce
texte de
2001 et celui-ci de
2004) et l'Inde, avaient continué d'en
produire, obligeant la question à faire son
chemin dans les méandres de l'Organisation
mondiale du commerce.
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Qu'est-ce qu'un
médicament générique?
On appelle ainsi une copie d'un médicament
officiel, fabriquée à plus faible coût.
Quel est l'enjeu?
Dans les pays pauvres, des millions
de personnes meurent chaque année de maladies
qui auraient pu être traitées (sida,
malaria, tuberculose, etc.): les médicaments
existent, mais ils sont trop coûteux, non seulement
pour eux mais pour leurs propres systèmes de
santé. Des pays comme le Brésil et l'Inde
se sont lancés dans la production de médicaments
génériques. Les compagnies pharmaceutiques,
dans les années 90, ont crié à
la violation du droit d'auteur.
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Le 30 août 2003, après de nombreux
débats, était adopté un texte autorisant
l'exportation de ces médicaments vers les pays vivant
une situation d'urgence. Un texte mitigé, mais une
victoire tout de même des pays du Sud (voir
ce texte). En mars 2004, le Canada devenait le premier
pays à voter une loi en ce sens. Une loi mitigée
là encore, critiquée notamment par Médecins
sans frontières et le Congrès du travail du
Canada (lire Goliath
garde le gros bout du bâton), mais un pas important
tout de même, salué en ce sens par la communauté
internationale.
Et pourtant, un an plus tard, pas un seul
médicament n'a été livré, a
récemment dénoncé Médecins sans
frontières. Interrogés par la Presse canadienne,
des représentants du gouvernement canadien ont affirmé
que l'application de la loi était freinée
"par des questions d'ordre technique".
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