
Le 10 novembre 2005

Retour
au sommaire des capsules
La sauterelle d'astéroïde
(Agence Science-Presse) - Dans le cadre d'une
des manuvres les plus étranges de l'ère
spatiale, une sonde japonaise s'apprête à sautiller
sur un astéroïde afin d'en ramasser quelques
échantillons de poussière qu'elle pourra ramener
sur Terre.
Hayabusa (Faucon) est arrivé
à proximité de "son" astéroïde,
baptisé Ikotawa en l'honneur du père
des vols spatiaux japonais le 12 septembre (voir
ce texte). Aujourd'hui, il est "stationné" à
20 kilomètres à peine de ce caillou de 600
mètres de long par 200 mètres de large. Il
aurait dû normalement faire un premier exercice d'approche
vendredi dernier, une
opération que les ingénieurs ont annulée
à la dernière minute. L'ensemble de la
manuvre pas plus de trois rebonds, précédé
du largage d'un module de la taille d'une tasse de café
doit être complété à la fin de
novembre, afin que Hayabusa puisse se retrouver sur la bonne
trajectoire de retour vers notre planète: un voyage
de retour de 19 mois.
Toute
cette manuvre doit de plus se réaliser de manière
automatique: à cette distance de la Terre, il
faut 17 minutes à un signal pour voyager du Japon
jusqu'à Hayabusa.
Il faut se rappeler que la gravité
à la surface d'un aussi petit caillou cosmique est
presque nulle. Y sautiller est donc plus facile encore que
sur la Lune et demande encore moins d'énergie que
sur la Lune. De l'énergie, il en aurait fallu bien
plus s'il avait fallu ralentir, se poser, puis redémarrer
les moteurs avant de redécoller. C'est la raison
pour laquelle l'Agence d'exploration aérospatiale
japonaise (JAXA) a choisi cette manuvre insolite,
que les scientifiques espèrent payante: si la sonde
ramasse au passage sa petite poignée de poussière
un dixième d'once ce sera la toute première
fois que de la poussière d'un autre monde est ramenée
sur Terre.
Du moins, depuis que des astronautes en ont
ramené de la Lune entre 1969 et 1972.
Hayabusa, qui avait été lancé
le 9 mai 2003, est également le théâtre
d'une autre expérience, qui préfigure les
futurs vols spatiaux: le moteur ionique. Ce système
de propulsion n'a été expérimenté
jusqu'ici que par la sonde américaine Deep Space
One en 1998 (voir
ce texte) et la sonde européenne Smart-1, actuellement
en orbite lunaire (voir
ce texte).
Explication. Tous les autres véhicules
spatiaux, depuis le premier Spoutnik en 1957, étaient
propulsés par le bon vieux moteur chimique: fiable
mais coûteux en carburant. Le moteur ionique, en comparaison,
ne consiste qu'en un bombardement d'atomes sur des électrons
pour créer des atomes chargés électriquement
qui, éjectés vers l'arrière du moteur,
fournissent la poussée (voir
ce texte). Il a donc besoin de beaucoup moins de carburant
pour avancer, ce qui donne un véhicule beaucoup moins
lourd. Et beaucoup plus rapide bien qu'il lui faille
beaucoup plus de temps pour atteindre sa vitesse de croisière.
D'où l'intérêt qu'il suscite dès
lors qu'on parle de missions spatiales de longue durée,
vers des planètes lointaines ou même
de vols habités vers Mars.
Capsule
suivante
Retour
au sommaire des capsules
Vous aimez cette capsule? L'Agence Science-Presse
en produit des semblables -et des meilleures!- chaque
semaine dans l'édition imprimée d'Hebdo-science
et technologie (vous désirez vous abonner?).
Vous voulez utiliser cette capsule? Contactez-nous!
|