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semaine du 25 avril 2005



Hibernation: ceci n'est pas Walt Disney

A l'époque de Walt Disney et de 2001, l'odyssée de l'espace, il fallait imaginer un équipement technologique hyper-complexe pour réussir à faire croire en la possibilité de mettre quelqu'un en hibernation. Cette année, des chercheurs n'ont eu besoin que d'une émanation d'oeufs pourris.

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Ce n'est certes pas une hibernation au sens science-fictionnesque du terme. La souris qui a servi de cobaye a été plongée dans un état appelé animation suspendue. Mais le résultat final est le même: la température de son corps a dégringolé de 20 degrés Celsius en quelques minutes et sa respiration est passée de 120 par minute à moins de 10 par minute.

Le responsable: du sulfure d'hydrogène. Nul autre que le gaz émis par des oeufs pourris. Tant que la souris a été exposée à un air contenant ce gaz en faible concentration –une concentration soigneusement mesurée, de 80 parties par million– la souris du Centre de recherche Fred Hutchinson sur le cancer, à Seattle, est demeurée dans cet état d'animation suspendue. Six heures plus tard, soumise à un air "propre", elle s'est "réveillée" et a repris ses activités comme si rien ne s'était passé.

Le potentiel de cette découverte lui a valu de faire le tour des médias de la planète depuis sa parution dans la revue américaine Science: en théorie, un patient dans un état critique pourrait être mis en animation suspendue dans le but de lui "acheter du temps" –le temps, par exemple, de l'amener à l'hôpital ou de préparer une transplantation.

Un cerveau ou un tissu qui, à la suite d'un arrêt cardiaque, cesse d'être alimenté en oxygène, pourrait être –toujours en théorie– mis au ralenti par ce procédé, ce qui réduirait ses besoins en oxygène et donnerait ainsi davantage de temps aux médecins pour intervenir.

Le sulfure d'hydrogène ne se contente pas de puer: il peut tuer, à de trop fortes concentrations.

Le sulfure d'hydrogène est produit en petites quantités par des animaux chez qui, croit-on, il contribue à réguler la température du corps et les fonctions du métabolisme.

Mais il reste du chemin à faire avant d'en arriver là. L'étude dont il est question ici n'a que le statut de "courte étude": elle ne fait que quelques paragraphes. Il reste à expérimenter ce sulfure d'hydrogène sur davantage de souris, puis sur des animaux plus avancés. Quant à d'éventuels essais cliniques, on n'en parle même pas avant cinq ans. C'est plutôt le caractère imaginatif de l'étude, en regard de ce que nous pensions savoir de l'hibernation, qui lui vaut de se retrouver à l'avant-scène.

Animation suspendue ou hibernation?

Diminution radicale de la température du corps, ralentissement des fonctions vitales: c'est exactement ce qui arrive aux animaux, comme les ours, qui se mettent en état d'hibernation. Dans ce sens, on peut bien parler d'hibernation. C'est comme si l'inhalation de ce gaz avait converti la souris d'un animal à sang chaud à un animal à sang froid, explique Mark Roth, biologiste cellulaire et chercheur principal.

Oeufs pourris ou congélation?

La recherche sur l'hibernation est bien telle qu'on l'imagine: depuis des décennies, elle s'est concentrée sur la congélation du corps. Littéralement, on met ce corps au congélateur dans l'espoir de l'en ressortir le jour où on pourra le ressusciter. C'est le mythe, transmis par quantité de films et par Walt Disney lui-même (qui n'a, contrairement à une certaine légende, jamais été congelé). Mais la congélation s'est toujours heurtée à un obstacle de taille: elle détruit la matière vivante. Les scientifiques planchent donc sur différents procédés (des antigels, en quelque sorte) qui protégeraient les cellules... sans les empoisonner.

En comparaison, l'idée d'une hibernation par simple inhalation est donc plus simple... bien qu'on voit mal pour l'instant comment on pourrait garder un corps "endormi" pendant des semaines, des mois, des années... voire des siècles, pour ceux qui rêvent à des voyages vers les étoiles lointaines! Mais ceci est une autre histoire, qui nécessitera bien d'autres recherches pendant bien longtemps encore.

Pascal Lapointe

 

 

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