| Semaine du 22 novembre 1999 |  |
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En manchette cette semaine: LE KIOSQUE A lire aussi: La science d'ici et d'ailleurs est une production Agence Science-Presse |
Retour au sommaire des capsules (ASP) Le désarroi face à la montée en force des créationnistes tire son origine d'un manque flagrant d'éducation chez les scientifiques. Ceux qui sont à blâmer en effet, ce ne sont pas ceux qui s'identifient comme créationnistes, pas plus que ceux qui y croient, pas plus que la population en général que l'on blâme trop souvent d'analphabétisme scientifique. Non, ceux qui sont à blâmer, ce sont les scientifiques eux-mêmes: "enracinés dans les méthodes de la science, trop peu d'entre nous sont capables d'articuler, et d'encore moins défendre les principes philosophiques qui guident nos décisions". Dans un ouvrage intitulé Les Tours de Babel (Towers of Babel : les preuves contre le nouveau créationnisme) le philosophe des sciences Robert T. Pennock s'attaque à ces "angles morts" de la vision scientifique. Par exemple, la plupart des scientifiques balaient le problème du revers de la main, aujourd'hui encore, en dépit de ce qui s'est passé cet été au Kansas, sous prétexte qu'il s'agit d'une querelle religieuse, et que science et foi parlent des langues différentes et irréconciables comme les citoyens de Babel. Faux, réplique Pennock: non seulement, avec le travail de sape mené par les créationnistes depuis cinq ans, ces derniers ont-ils résolument pris pied dans l'enseignement des sciences, mais en plus, les deux langues ne sont pas incompréhensibles l'une à l'autre, dès lors que l'un des deux camps prétend employer des arguments scientifiques. C'est une erreur, poursuit l'auteur, de ne pas prendre les créationnistes au sérieux. Il faut les prendre au sérieux, "pas juste parce qu'ils sont dans l'erreur, mais parce qu'ils sont dans l'erreur d'une manière dangereuse". Contrairement à ce qu'ils prétendent, ils ne se contentent pas d'avancer une "théorie": leur approche consiste plutôt à attaquer la méthode scientifique et ses conclusions, mais sans jamais, de leur côté, offrir quoi que ce soit de substantiel. Les créationnistes, en réalité, tablent sur la peur d'une bonne partie du public peur du changement, peur du déclin des religions, peur du changement social. Une peur qui ne peut être négligée, et qui fournit une des bases du succès de ces gens: Création égale Dieu, donc Evolution égale un monde sans Dieu, sans religion, sans structure sociale, sans rien. Retour au sommaire des capsules
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