Semaine du 15 mars 1999

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Le millénaire des manipulations génétiques


L
orsqu'on parle de manipulations génétiques, faut-il penser en fonction du court terme ou du long terme? Deux informations cette semaine vont dans les deux directions... et arrivent à des conclusions opposées.

 

Le court terme, d'abord: la Grande-Bretagne, où le débat passionné sur les aliments modifiés génétiquement dont nous parlions le 15 février, n'a jamais cessé, imposera probablement un moratoire de trois ans sur la commercialisation de ce type d'aliments. Et la surprise, c'est que les compagnies semblent prêtes à coopérer.

"Les compagnies produisant des cultures génétiquement modifiées sont prêtes à céder aux pressions du gouvernement pour mettre un frein à la croissance commerciale pendant au moins trois ans", résume le Daily Telegraph à la Une de son édition du 15 mars. Le cabinet du ministre travailliste Tony Blair se dit en effet confiant d'avoir l'appui de l'industrie jusqu'en 2002, délai qui sera mis à profit pour effectuer d'autres études sur les risques, réels ou non, posés par ces aliments transgéniques -essentiellement, des fruits ou légumes auxquels on a introduit un gène étranger, par exemple, pour augmenter leur résistance aux insectes. Ce moratoire, s'il se réalise, serait l'aboutissement de négociations de quelques semaines entre les hauts-fonctionnaires et les firmes de biotechnologie, dont Monsanto, Novartis et Zeneca.

Le point de départ de cette controverse se situe en août 1998, avec une déclaration à la télévision britannique du Dr Arpad Pusztai, 68 ans. Interrogé par l'animateur de l'émission World in Action, il affirme qu'une étude récente sur des rats, nourris pendant 10 jours de pommes de terre transgéniques, aurait permis de constater un affaiblissement du système immunitaire chez certains d'entre eux, ainsi qu'un mauvais développement du rein, de la rate et du cerveau.

Moins de 48 heures plus tard, on apprenait que le Dr Pusztai avait précédemment été accusé de fraude scientifique, que sa crédibilité était plus que chancelante, et que l'étude dont il avait fait état n'avait aucun fondement. Mais les lobbyistes de l'environnement allaient continuer à le défendre et, le 12 février, un groupe de 21 experts internationaux déposait en Grande-Bretagne un rapport appuyant les conclusions du Dr Pusztai. On apprendrait quelques jours plus tard que ces 21 experts soi-disant indépendants avaient en fait été payés par l'association écologique Les Amis de la Terre, mais le débat était désormais sur orbite: les uns réclamaient la démission du gouvernement de Tony Blair, les autres un moratoire sur toute recherche sur les aliments transgéniques. Après avoir, pendant deux semaines, rejeté vigoureusement l'idée d'un tel moratoire, il semble que le gouvernement britannique en soit arrivé à un compromis. Plusieurs diront qu'il n'avait pas le choix, devant la vigoureuse opposition populaire -et l'industrie n'aurait elle non plus eu d'autre choix que de se plier à la volonté populaire. Quant à l'idée d'une politique d'étiquetage obligatoire de ces aliments dans les supermarchés elle n'a pas été abandonnée, mais les sondages ont bien révélé qu'elle ne suffirait pas à calmer les opposants.

Un porte-parole du 10 Downing Street refusait en fin de semaine de parler d'une "entente" (deal) avec les compagnies, affirmant qu'il s'agit d'un "moratoire volontaire". Mais tous les opposants aux aliments transgéniques sont aux anges.

Voilà pour le court terme. Le long terme? C'est une déclaration du célèbre physicien Stephen Hawking, dans le cadre de la Semaine des sciences actuellement en cours en Grande-Bretagne. Une déclaration que l'on peut résumer ainsi: à long terme, les aliments transgéniques sont tout aussi inévitables... que les humains transgéniques.

Le savant, que plusieurs ont comparé depuis 20 ans à Einstein, auteur du populaire ouvrage Une Brève histoire du temps, prononçait une conférence sur les percées scientifiques qui nous attendent dans... les 1000 prochaines années.

A ses yeux, il ne fait aucun doute qu'on en arrivera tôt ou tard à des humains modifiés génétiquement. Il ne s'agit pas d'approuver ou de désapprouver: il s'agit simplement de prendre acte du fait qu'une connaissance de plus en plus complète de notre bagage génétique -et du bagage génétique de toutes les espèces vivantes- nous entraîne inévitablement sur cette voie.

"Plusieurs personnes diront que les manipulations génétiques sur des humains devraient être bannies, mais je doute que ce soit possible."

Et comme pour confirmer ses dires, on apprenait cette semaine que le projet génome humain -le gigantesque programme international de décodage de l'ensemble de notre bagage génétique- était en avance sur l'horaire. Une "carte" préliminaire du génome sera vraisemblablement complétée dès février 2000, grâce à l'arrivée dans le décor, en 1998, de deux compagnies privées, dont la concurrence a contribué à accélérer le processus. Le décodage complet quant à lui, devrait être complété en 2003.

A ce moment-là, on se retrouvera donc devant un événement historique: une "carte géographique" complète de nos 100 000 gènes. Mais le travail ne fera que commencer: il faudra déterminer à quoi servent tous ces gènes, un par un. Cette "deuxième phase" pourrait prendre quelques décennies. Et même une fois cela terminé, nous n'aurons qu'à peine commencé à explorer le millénaire prédit par Hawking...


 

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