En manchettes la semaine dernière:
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Ceci est (presque) du clonage humain
La Grande-Bretagne qui autorise le clonage humain. Le
Japon qui fait faire un grand pas en avant au clonage de porcs...
mais sans fermer la porte à la transmission de dangereux
virus. La semaine a été faste, et les scénarios
de films d'horreurs ont resurgi.
Le clonage vous inquiète?
Vous enthousiasme?
Discutez-en dans le forum Science-Presse/Médito
Personne n'a été surpris lorsque le gouvernement
du premier ministre britannique, Tony Blair, a approuvé
la semaine dernière les recommandations d'un comité
d'experts sur le clonage humain: oui, les scientifiques de Grande-Bretagne
auront
le droit de pratiquer des expériences de clonage sur des
cellules d'embryons humains âgés de moins de 7 jours.
Cela ne pourra en aucun cas, il est important de le souligner,
conduire à la "création" d'êtres
humains en laboratoire, ou de copies de qui que ce soit. Ce dont
il est question ici, c'est plutôt du "clonage thérapeutique",
c'est-à-dire la copie de cellules susceptibles de devenir
un foie, ou un poumon, ou un coeur, à
des fins, par exemple, de transplantation.
Des cellules
d'embryons de moins de 7 jours sont requises parce qu'à
ce stade, ces cellules, qu'on appelle cellules-souches, ne se
sont pas encore spécialisées. Depuis deux ans et
demi, dans des laboratoires d'Europe, du Japon et des Etats-Unis,
les premiers pas ont été franchis vers des techniques
qui permettront un jour "d'ordonner" à de telles
cellules de se transformer en ce qu'on voudra. Ce sera la fin
des pénuries d'organes. Ce sera également la clef
pour des traitements contre l'Alzheimer ou le Parkinson: des
tissus ou des cellules usés ou détruits par ces
maladies pourront être remplacés par des "morceaux"
tout neufs. Sans oublier que le fait de produire un embryon à
partir d'un adulte comme vous et moi -comme cela a été
réalisé pour la brebis Dolly- permettrait en théorie
de produire ensuite, grâce à cet embryon de moins
de 7 jours, des organes qui seraient les clones de vos propres
organes -ce qui éliminerait tout risque de rejet.
"Le comité a examiné attentivement les
questions éthiques, a souligné le Dr Liam Donaldson,
président du comité d'experts qui a déposé
son rapport en mai, et décidé que les bénéfices
potentiels l'emportaient sur les inquiétudes." Toutes
les recherches, a-t-il été précisé
abondamment la semaine dernière, devront obtenir l'autorisation
des autorités compétentes et être suivies
de près par celles-ci.
Ces mesures de prudence n'ont toutefois pas suffi à
rassurer les opposants, pas plus que les inquiets. Les mouvements
pro-vie ont évidemment été prompts à
dénoncer la décision du gouvernement de Tony Blair
-qui doit encore être ratifiée par le Parlement
cet automne. Pour eux, toute forme de clonage, quels que soient
les bénéfices, est inacceptable, et représente
un affront au caractère sacro-saint de la vie humaine
-qu'il s'agisse de clonage thérapeutique ou de clonage
dit "reproductif", celui qui a donné naissance
à Dolly. Ils craignent également, et en cela ils
sont rejoints par d'autres groupes, que l'acceptation du clonage
thérapeutique n'ouvre la porte, dans un futur rapproché,
au "vrai" clonage -c'est-à-dire la création
de bébés qui seraient des copies conformes d'un
parent.
Leurs inquiétudes ont eu bien des raisons d'être
ravivées la semaine dernière. Parce qu'en même
temps que cette nouvelle tombait à Londres, deux études,
dans les revues Science et Nature, donnaient une
autre dimension aux perspectives de clonage. Dans
le premier cas, des chercheurs japonais ont annoncé
avoir cloné une truie,appelée Xena. C'est l'aboutissement
de pas
moins de 10 années de travail pour eux. Dans le deuxième
cas, des chercheurs de l'Institut Roslin, en Ecosse -là
où est née Dolly- décrivent les circonstances
ayant mené à la naissance de cinq cochons clonés,
naissance dont nous avions fait état il
y a quelques mois.
Ces deux études ont un point commun. Elles se penchent
sur une stratégie différente de celle mentionnée
plus haut pour pallier aux pénuries d'organes : la transplantation
d'organes d'animaux. Dans les deux cas, ces clonages de porcs
nous approchent en effet peut-être du moment où
il sera possible de produire
des porcs dont les organes auraient été préparés
"sur mesure".
Sauf que le " peut-être " est très
important : dans les deux cas, les chercheurs, poussés
dans leurs derniers retranchements, admettent que l'obstacle
majeur, à savoir la possibilité que des virus d'origine
porcine ne soient transmis à l'homme, cet
obstacle-là, n'a pas encore été éliminé.
Une troisième étude, également
parue la semaine dernière dans Nature, vient
fort opportunément rappeler ce fait : des souris de l'Institut
Scripps de La Jolla, en Californie, à qui on a injecté
des cellules de pancréas de porcs, ont développé
un rétrovirus de ce porc.
Un virus bénin, sans effets secondaires, mais un virus
tout de même. Un virus qui n'aurait pas dû être
là. Au point où la firme américaine Geron,
propriétaire depuis l'an dernier de l'Institut Roslin,
a annoncé ne carrément plus croire aux porcs comme
futurs donneurs d'organes. Le risque de transmission de maladies
jusqu'ici inconnues chez l'homme serait trop grand.
Ce qui nous ramène donc au clonage de cellules humaines.
Au clonage humain. Avec toutes les craintes que ce terme transporte.
Ce n'est pas pour tout de suite, certes. L'autorisation britannique
veut tout simplement dire que ces chercheurs pourront commencer
à expérimenter. Aux Etats-Unis, de telles expériences
sont possibles depuis des années -sauf dans le cas de
projets subventionnés par le gouvernement- et on n'a pas
encore vu surgir d'éprouvettes des individus à
deux pattes dotés de conscience. Quant à la technologie
consistant à " ordonner " aux cellules-souches
de se transformer en l'organe désiré est encore
au stade théorique. "C'est une méthode compliquée,
coûteuse, qui demande beaucoup de temps, sans compter que
la manipulation n'est valable que pour un seul individu à
chaque fois", explique pour Libération André
Boué, membre du comité consultatif d'éthique
de France. Il faut aussi "être certain que ces cellules
regreffées ne donneront pas de cellules cancéreuses",
renchérit Axel Kahn, directeur du laboratoire de recherches
en physiologie et pathologie génétiques et moléculaires
à l'Inserm.
Mais
la pression va être forte sur les autres pays -entre
autres, la France, où de telles manipulations sont interdites,
et le Canada, où existe un vide juridique.
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