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La vérité sort de la bouche des enfants
Nous avons des fossiles dans la bouche. Ba-ba, Da-da,
Ta-ta : ce sont bien plus que des babillages d'enfants. Ce sont
les restes des plus anciens mots qu'aient prononcés nos
ancêtres.
Quatre sons, pas un de plus: quatre
sons qui se retrouvent dans dix langues éparpillées
aux quatre coins du monde, de l'anglais au maori en passant
par le français, le japonais, l'hébreu et le swahili.
Quatre sons que n'importe quel bébé, à partir
de 7 à 10 mois, prononce avant tous les autres sons.
C'est ce qui se dégage d'une recherche inattendue publiée
cette semaine. Inattendue, parce que, il faut bien le dire, en
matière de préhistoire, c'est plutôt du côté
des squelettes qu'on a l'habitude de regarder, et pas sur le
bout de la langue...
Et pourtant. La prochaine fois que vous entendrez un bébé
babiller, dites-vous qu'il fait bien plus que babiller. Il tient
dans sa bouche les clefs du langage. Pas seulement les clefs
du langage qu'il va bientôt apprendre: les clefs de tous
les langages qui se sont développés depuis des
dizaines de milliers d'années. Son babillage est probablement
le même que le babillage des bébés d'il y
a 100 000 ans.
Et c'est peut-être sur ce babillage qu'ont été
construits petit à petit le vocabulaire et la grammaire
de toutes les langues du monde.
Lire sur les lèvres
Le langage est le propre de l'homme dit-on : il est le produit
de notre cerveau. Certes. Mais il est aussi le produit de certains
mouvements précis de la bouche, des lèvres et de
la langue. C'est pourquoi deux
chercheurs de l'Université du Texas, Peter F. MacNeilage
et Barbara L. Davis, se sont dit que de dégager des points
communs ne devrait pas être trop difficile : après
tout, le nombre de mouvements que peut opérer notre bouche
pour produire des sons est relativement limité. Ne serait-il
pas possible de retourner aux origines, et de trouver des sons
communs à toutes les langages?
"Les
bébés sont très forts pour ça",
résume John L. Locke, de l'Université Cambridge,
spécialiste du " langage " des bébés,
dans un article complémentaire à cette recherche,
que publie Science. "Si vous ne bougez rien d'autre,
et poussez votre langue dans le haut de votre bouche, ce qu'ils
font naturellement pour manger, vous obtenez des sons tels que
"da-da", "ta-ta", "ma-ma" ou "ya-ya"."
Or, ces sons sont justement communs à toutes les langues
et constituent, ce n'est pas un hasard, les premiers mots que
les enfants apprennent-comme, bien sûr, "maman"
et "papa". Ou " bye-bye ".
Une façon comme une autre de dire que les premiers
mots prononcés par les humains n'étaient pas le
fruit d'une très longue réflexion, mais le banal
résultat des mouvements de la bouche les plus naturels
qui soient.
Et au passage, cette affirmation entre en contradiction
avec ce qu'une vedette de la linguistique, Noam Chomsky,
avance depuis les années 50 : pour lui, le langage est
le résultat d'un héritage génétique.
Autrement dit, notre capacité à parler serait le
résultat d'une mutation d'un ou de plusieurs gènes,
qui se traduirait par un développement particulier de
notre cerveau. Alors que MacNeilage et Davis, au contraire, ramènent
cela à de banals mouvements de la langue et des lèvres.
"Nos ancêtres et les autres primates avaient les ressources
mécaniques pour faire ces simples sons, déclare
MacNeilage à l'Associated Press. Le matériel nécessaire
pour produire des mots ne nécessite pas un bond génétique
des primates aux humains."
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