Lundi 6 décembre 1999

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La manne chinoise

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En attente d'un signal...


P
endant une bonne partie de la journée du 3 décembre, une poignée de scientifiques et de techniciens rassemblés au Jet Propulsion Laboratory ont continué de s'arracher les cheveux. Pendant le reste de la fin de semaine, ils sont apparus dépités. Idéalement, le tout premier signal aurait dû leur parvenir vendredi le 3 décembre à 12 h 39, heure de Californie (15 h 39 à Montréal, 20 h 39 à Paris). Un signal, bien sûr, de la sonde Mars Polar Lander, confirmant qu'elle est bel et bien arrivée sur la planète rouge, saine et sauve. Plus le temps passe, et moins les propos rassurants du début gardent du sens...

 

"L'amarsissage" s'est théoriquement produit à 12 h 15, heure de Californie, après une descente d'une dizaine de minutes. La sonde, après avoir déployé ses panneaux solaires et pointé son antenne, devait commencer une transmission, pour donner d'abord et avant tout des nouvelles de son état de santé et puis, quelques données météo. Et enfin -des dizaines de milliers d'internautes, pendant des heures, ont surchargé les sites web de la Nasa, n'attendant que ça!- une toute première image, en noir et blanc. Après 45 minutes, Polar Lander devait cesser la transmission et se mettre en sommeil pendant environ six heures, le temps de recharger ses batteries.

Qu'aucun signal n'ait été reçu à 12 h 39 n'était pas dramatique. Le problème -pour les cheveux des scientifiques et techniciens- est que, compte tenu de la position de la Terre dans le ciel, de la position sur la Terre des antennes capables de recevoir un signal et du temps nécessaire à la sonde pour accomplir ses autres tâches avant la tombée de la nuit, elle ne peut pas transmettre n'importe quand n'importe comment.

Une première "fenêtre" était ouverte de 12 h 39 à 13 h 24 (16 h 24 à Montréal, 21 h 24 à Paris), la deuxième s'est ouverte à 14 h 04 pendant une quarantaine de minutes, et d'autres suivaient, tout au long de la fin de semaine.

Les causes de ce retard peuvent être bénignes: la sonde peut s'être automatiquement mise sur "pause", par mesure de sûreté (une grande variété d'événements peuvent conduire le logiciel de sauvegarde à prendre cette "décision"), le temps de recevoir plus amples instructions de la Terre; ou bien, le système de télécommunications peut être victime d'un bogue, comme cela s'est souvent produit en juillet 1997, lors de la mission Pathfinder: dans bien des cas, le problème est sur la Terre, et non sur Mars.

Sauf que, plus le temps passe, et plus les espoirs s'amenuisent...

Dans tous les cas, cela fait un bon bout de temps que les scientifiques retiennent leur souffle : ils ont été échaudés avec l'échec stupide de la sonde Mars Climate Orbiter, il y a deux mois -une confusion entre le système métrique et le système impérial!- et par les pertes à répétition subies par les sondes martiennes depuis 30 ans, à quelques heureuses exceptions près.

 Une sélection des meilleurs textes sur la mission Mars Polar Lander


6 décembre

On craint que Polar Lander ne demeure à jamais silencieux
(New York Times)

5 décembre

Mars Polar Lander ne répond plus (Libération)

4 décembre

Le sort de la sonde incertain (New York Times)

La Nasa attend anxieusement (BBC)

3 décembre

La météo est bonne aujourd'hui au Pôle Sud (Discovery)

A quelques heures de "l'amarsissage", tout va bien à bord (New York Times)

La Nasa attaque Mars par le Pôle Sud (Libération)

2 décembre

Excitation et nervosité justifiées (Discovery)
Jour J moins un.

1er décembre

Les sondes peuvent paver la voie à l'exploration future
(Florida Today)
Détails sur les "pénétrateurs" qui seront envoyés vers le sol avant l'arrivée.

En direct de Mars... (ZDNet)
Un média spécialisé en nouvelles Internet... qui s'intéresse évidemment au volet "Internet" de la mission.

30 novembre

L'aventurier-robot se dirige vers le Pôle Sud
(New York Times)
Long dossier-synthèse

Polar Lander prêt pour Mars (BBC)

Pour les scientifiques, ce sera un alleluia ou un arrêt cardiaque (Florida Today)

29 novembre

Polar Lander accélère en vue d'une mission complexe
(Washington Post)
Résumé de la mission.


Le site officiel de la sonde Mars Polar Lander 

Voyez la version précédente de ce texte

 


Plusieurs premières

Qui plus est, en dépit de ces exceptions, Polar Lander marquera une première : comme son nom l'indique, elle doit se poser à proximité d'un Pôle -le Sud- ce qui n'avait jamais été tenté auparavant.

L'espoir est que l'on trouve là-bas des cristaux de glace, et qu'on puisse ainsi toucher du doigt, pour la première fois, à de l'eau extra-terrestre.

Evidemment, l'analyse de cette eau et de ce qu'elle contient -ou ne contient pas- retiendra l'attention d'une foule de gens, des " fanas " de soucoupes volantes jusqu'aux biologistes et aux chimistes. Mais le grand public, lui, aura les oreilles toutes grandes ouvertes, parce que la Nasa, rarement réticente quand il s'agit de faire parler d'elle, a accepté que soit inclus, au milieu des instruments scientifiques ultra-perfectionnés, un micro.

Cette dernière idée provient de la Planetary Society, organisme à but non lucratif voué à la promotion de l'exploration spatiale. Le micro, sitôt branché, permettra d'entendre -là aussi pour la toute première fois- les sons de Mars.

L'expérience aurait été impossible sur la Lune, puisqu'on n'y trouve pas d'air, et que le son a besoin d'air pour se propager -oubliez tout de suite ces films de science-fiction où un vaisseau spatial explose bruyamment. Mais Mars possède une atmosphère, bien que plus ténue que la nôtre : la " musique " devrait donc être intriguante.

Outre cela, Polar Lander transporte un équipement appelé MVACS (Mars Volatiles and Climate Surveyor), destiné, comme son nom l'indique, à l'étude du climat -quelque chose qui aurait dû être fait en collaboration, si tout s'était bien passé, avec la regrettée Mars Climate Orbiter. MVACS s'intéressera en particulier à la recherche, dans l'air, de gouttelettes d'eau -si on n'en trouve pas près du Pôle Sud, on n'en trouvera jamais- et des gaz composant l'atmosphère.

Ces analyses pourraient également permettre d'en apprendre plus sur ce qui s'est passé il y a plus de deux milliards d'années, lorsque l'eau s'est retirée de la surface : on suppose que des traces de l'ancienne atmosphère pourraient être encore emprisonnées dans la glace, le sel et autres minéraux du sol.
Mais ça, c'est évidemment si le Pôle Sud tient ses promesses

 

La recherche de vie : pas pour cette fois

Et c'est cette analyse scientifique pointue qui retiendra l'attention des scientifiques. Parce que, comme ses prédécesseurs, Polar Lander n'est pas équipée pour rechercher de la vie. Bien des gens rêvent certes à ce qui pourrait dormir dans l'eau congelé, mais en réalité, les chances sont si minces que personne n'a jugé nécessaire d'encombrer la sonde spatiale : le véritable équipement pour trouver de la vie, ç'aurait été une pelle mécanique pour creuser à plusieurs mètres sous la surface. Et ça, ce sera pour une autre fois.

D'autant plus que le " manifeste " ne s'arrête pas au MVACS : la mission de trois mois est de loin plus ambitieuse que celle de Pathfinder, qui n'était qu'une expérience d'ingénieurs ("l'amarsissage" avec des ballons gonflables, et surtout, le petit robot mobile Sojourner). Polar Lander transporte avec elle deux petites soeurs, deux " pénétrateurs " qui doivent descendre vers la surface, chacune de son côté, à une vitesse suffisante pour s'y enfoncer d'environ un mètre. Ils seront largués exactement 10 minutes avant "l'amarsissage", vers 12 h 05 aujourd'hui, heure de Californie.

Là, de minuscules instruments analyseront le sol environnant et en déposeront de minuscules fragments dans de minuscules fours où de minuscules lasers chercheront des traces d'eau souterraine.

La vraie sonde, pendant ce temps, aura déployé sa station météo et surtout, son bras (à partir du 8 décembre, si tout va bien) pour gratter le sol et en recueillir des échantillons (30 milligrammes à la fois!) au bénéfice de son propre mini-laboratoire.

Le tout a coûté 327,5 millions$ US -une paille, à côté de ce qu'ont coûté des missions antérieures. Il s'agit de la deuxième phase d'un programme d'exploration martienne de 10 ans lancé en 1996-97 par Pathfinder et son compagnon Mars Global Surveyor, ce dernier étant toujours en orbite après deux ans et demi.

Tout comme " l'amarsissage " de Pathfinder, en juillet 1997, celui de Polar Lander retiendra l'attention des médias et d'Internet. Plusieurs quotidiens américains, dont le New York Times, ont d'ores et déjà une section spécial, tandis qu'un organisme indépendant à but non lucratif, la Planetary Society promet, du 3 au 5 décembre, des images en direct de Mars.

 

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