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En attente d'un signal...
Pendant une bonne partie de la journée du 3 décembre,
une poignée de scientifiques et de techniciens rassemblés
au Jet Propulsion Laboratory ont continué de s'arracher
les cheveux. Pendant le reste de la fin de semaine, ils sont
apparus dépités. Idéalement, le tout premier
signal aurait dû leur parvenir vendredi le 3 décembre
à 12 h 39, heure de Californie (15 h 39 à Montréal,
20 h 39 à Paris). Un signal, bien sûr, de la sonde
Mars Polar Lander, confirmant qu'elle est bel et bien arrivée
sur la planète rouge, saine et sauve. Plus le temps passe,
et moins les propos rassurants du début gardent du sens...
"L'amarsissage" s'est théoriquement produit
à 12 h 15, heure de Californie, après une descente
d'une dizaine de minutes. La sonde, après avoir déployé
ses panneaux solaires et pointé son antenne, devait commencer
une transmission, pour donner d'abord et avant tout des nouvelles
de son état de santé et puis, quelques données
météo. Et enfin -des dizaines de milliers d'internautes,
pendant des heures, ont surchargé les sites web de la
Nasa, n'attendant que ça!- une toute première image,
en noir et blanc. Après 45 minutes, Polar Lander devait
cesser la transmission et se mettre en sommeil pendant environ
six heures, le temps de recharger ses batteries.
Qu'aucun signal n'ait été reçu à
12 h 39 n'était pas dramatique. Le problème -pour
les cheveux des scientifiques et techniciens- est que, compte
tenu de la position de la Terre dans le ciel, de la position
sur la Terre des antennes capables de recevoir un signal et du
temps nécessaire à la sonde pour accomplir ses
autres tâches avant la tombée de la nuit, elle ne
peut pas transmettre n'importe quand n'importe comment.
Une première "fenêtre" était
ouverte de 12 h 39 à 13 h 24 (16 h 24 à Montréal,
21 h 24 à Paris), la deuxième s'est ouverte à
14 h 04 pendant une quarantaine de minutes, et d'autres suivaient,
tout au long de la fin de semaine.
Les causes de ce retard peuvent être bénignes:
la sonde peut s'être automatiquement mise sur "pause",
par mesure de sûreté (une grande variété
d'événements peuvent conduire le logiciel de sauvegarde
à prendre cette "décision"), le temps
de recevoir plus amples instructions de la Terre; ou bien, le
système de télécommunications peut être
victime d'un bogue, comme cela s'est souvent produit en juillet
1997, lors de la mission Pathfinder: dans bien des cas, le problème
est sur la Terre, et non sur Mars.
Sauf que, plus le temps passe, et plus les espoirs s'amenuisent...
Dans tous les cas, cela fait un bon bout de temps que les
scientifiques retiennent leur souffle : ils ont été
échaudés avec l'échec stupide de la sonde
Mars Climate Orbiter, il y a deux mois
-une confusion entre le système métrique et le
système impérial!- et par les pertes à répétition
subies par les sondes martiennes depuis 30 ans, à quelques
heureuses exceptions près.
|
Une sélection des meilleurs textes
sur la mission Mars Polar Lander
6 décembre
On craint que Polar Lander ne demeure à jamais
silencieux
(New York Times)
5 décembre
Mars Polar Lander ne répond plus (Libération)
4 décembre
Le sort de la sonde incertain
(New York Times)
La Nasa attend anxieusement
(BBC)
3 décembre
La météo est bonne aujourd'hui au Pôle
Sud (Discovery)
A quelques heures de "l'amarsissage", tout
va bien à bord (New York Times)
La Nasa attaque Mars par le Pôle Sud (Libération)
2 décembre
Excitation et nervosité justifiées (Discovery)
Jour J moins un.
1er décembre
Les sondes peuvent paver la voie à l'exploration
future
(Florida Today)
Détails sur les "pénétrateurs"
qui seront envoyés vers le sol avant l'arrivée.
En direct de Mars... (ZDNet)
Un média spécialisé en nouvelles Internet...
qui s'intéresse évidemment au volet "Internet"
de la mission.
30 novembre
L'aventurier-robot se dirige vers le Pôle Sud
(New York Times)
Long dossier-synthèse
Polar Lander prêt pour Mars (BBC)
Pour les scientifiques, ce sera un alleluia ou un
arrêt cardiaque (Florida Today)
29 novembre
Polar Lander accélère en vue d'une mission
complexe
(Washington Post)
Résumé de la mission.
Le
site officiel de la sonde Mars Polar Lander
|
Voyez
la version précédente de ce texte
Plusieurs premières
Qui plus est, en dépit de ces exceptions, Polar
Lander marquera une première : comme son nom l'indique,
elle doit se poser à proximité d'un Pôle
-le Sud- ce qui n'avait jamais été tenté
auparavant.
L'espoir est que l'on trouve là-bas des cristaux de
glace, et qu'on puisse ainsi toucher du doigt, pour la première
fois, à de l'eau extra-terrestre.
Evidemment, l'analyse de cette eau et de ce qu'elle contient
-ou ne contient pas- retiendra l'attention d'une foule de gens,
des " fanas " de soucoupes volantes jusqu'aux biologistes
et aux chimistes. Mais le grand public, lui, aura les oreilles
toutes grandes ouvertes, parce que la Nasa, rarement réticente
quand il s'agit de faire parler d'elle, a accepté que
soit inclus, au milieu des instruments scientifiques ultra-perfectionnés,
un micro.
Cette dernière idée provient de la Planetary
Society, organisme à but non lucratif voué à
la promotion de l'exploration spatiale. Le micro, sitôt
branché, permettra d'entendre -là aussi pour la
toute première fois- les sons de Mars.
L'expérience aurait été impossible sur
la Lune, puisqu'on n'y trouve pas d'air, et que le son a besoin
d'air pour se propager -oubliez tout de suite ces films de science-fiction
où un vaisseau spatial explose bruyamment. Mais Mars possède
une atmosphère, bien que plus ténue que la nôtre
: la " musique " devrait donc être intriguante.
Outre cela, Polar Lander transporte un équipement appelé
MVACS (Mars Volatiles and Climate Surveyor), destiné,
comme son nom l'indique, à l'étude du climat -quelque
chose qui aurait dû être fait en collaboration, si
tout s'était bien passé, avec la regrettée
Mars Climate Orbiter. MVACS s'intéressera en particulier
à la recherche, dans l'air, de gouttelettes d'eau -si
on n'en trouve pas près du Pôle Sud, on n'en trouvera
jamais- et des gaz composant l'atmosphère.
Ces analyses pourraient également permettre d'en apprendre
plus sur ce qui s'est passé il y a plus de deux milliards
d'années, lorsque l'eau s'est retirée de la surface
: on suppose que des traces de l'ancienne atmosphère pourraient
être encore emprisonnées dans la glace, le sel et
autres minéraux du sol.
Mais ça, c'est évidemment si le Pôle Sud
tient ses promesses
La recherche de vie : pas pour cette fois
Et c'est cette analyse scientifique pointue qui retiendra
l'attention des scientifiques. Parce que, comme ses prédécesseurs,
Polar Lander n'est pas équipée pour rechercher
de la vie. Bien des gens rêvent certes à ce qui
pourrait dormir dans l'eau congelé, mais en réalité,
les chances sont si minces que personne n'a jugé nécessaire
d'encombrer la sonde spatiale : le véritable équipement
pour trouver de la vie, ç'aurait été une
pelle mécanique pour creuser à plusieurs mètres
sous la surface. Et ça, ce sera pour une autre fois.
D'autant plus que le " manifeste " ne s'arrête
pas au MVACS : la mission de trois mois est de loin plus ambitieuse
que celle de Pathfinder, qui n'était qu'une expérience
d'ingénieurs ("l'amarsissage" avec des ballons
gonflables, et surtout, le petit robot mobile Sojourner). Polar
Lander transporte avec elle deux petites soeurs, deux "
pénétrateurs " qui doivent descendre vers
la surface, chacune de son côté, à une vitesse
suffisante pour s'y enfoncer d'environ un mètre. Ils seront
largués exactement 10 minutes avant "l'amarsissage",
vers 12 h 05 aujourd'hui, heure de Californie.
Là, de minuscules instruments analyseront le sol environnant
et en déposeront de minuscules fragments dans de minuscules
fours où de minuscules lasers chercheront des traces d'eau
souterraine.
La vraie sonde, pendant ce temps, aura déployé
sa station météo et surtout, son bras (à
partir du 8 décembre, si tout va bien) pour gratter le
sol et en recueillir des échantillons (30 milligrammes
à la fois!) au bénéfice de son propre mini-laboratoire.
Le tout a coûté 327,5 millions$ US -une paille,
à côté de ce qu'ont coûté des
missions antérieures. Il s'agit de la deuxième
phase d'un programme d'exploration martienne de 10 ans lancé
en 1996-97 par Pathfinder et son compagnon Mars Global Surveyor,
ce dernier étant toujours en orbite après deux
ans et demi.
Tout comme " l'amarsissage " de Pathfinder, en juillet
1997, celui de Polar Lander retiendra l'attention des médias
et d'Internet. Plusieurs quotidiens américains, dont le
New
York Times, ont d'ores et déjà une section
spécial, tandis qu'un organisme indépendant à
but non lucratif, la Planetary Society promet, du 3 au 5 décembre,
des images en direct de Mars.
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