Aujourd’hui dans la trentaine, les X travaillent dans une aussi grande proportion que les baby-boomers lorsque ceux-ci avaient le même âge. Serait-il temps de déboulonner le mythe de la génération sacrifiée ?

“ Il semble que oui ”, répond le démographe Jacques Légaré, qui vient de publier une étude sur le sujet. Avec son étudiant Pierre-Olivier Ménard, le chercheur de l’Université de Montréal croyait “ confirmer que la génération X s’est ‘fait avoir’ par les baby-boomers ”. Il a dû se rendre à l’évidence : “ les données contredisent cette croyance ”.

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Bien que les jeunes nés entre 1966 et 1975 aient connu une entrée plus difficile sur le marché de l’emploi, ils sont maintenant aussi nombreux à travailler que les baby-boomers lorsqu’ils avaient le même âge. Début trentaine, 91 % des hommes de la génération X occupent un emploi, contre 92 % des baby-boomers jadis. Et les femmes X, elles, font encore mieux que leurs aînées : elles travaillent dans une proportion de 78 % contre 70 % des baby-boomeuses du même âge !

Dans leur rapport publié cet automne, les chercheurs remarquent que les emplois à temps plein ne sont pas plus rares aujourd’hui que dans les années 1980 et 1990. Parmi les travailleurs de 30 à 34 ans de la génération X, 88 % sont à temps plein. À titre de comparaison, les “ vieux ” baby-boomers nés entre 1946 et 1956 travaillaient à temps plein dans une proportion de 89 %, et les “ jeunes ” baby-boomers faisaient moins bien, avec 84 %.

Les chercheurs ne fournissent toutefois pas de données sur la rémunération ou la stabilité des emplois. Jacques Légaré soutient que “ ce sont des questions très importantes et qu’il faudra les aborder très bientôt ”. Ils remarquent en revanche que les X épargnent autant que leurs parents. Au tournant de la trentaine, ils ont au moins le même taux de participation aux régimes des rentes du Québec et aux REER que les baby-boomers lorsqu’ils avaient le même âge.

Les chercheurs ont enfin remarqué que la génération X est plus scolarisée. “ Ils ont profité davantage que leurs aînés de la réforme des années 1960, qui a facilité l’accès à l’éducation postsecondaire ”, commente M. Légaré. Lorsque les X étaient âgés entre 25 et 29 ans, 28 % d’entre eux avaient déjà obtenu un diplôme d’université, soit le double des “ vieux ” baby boomers du même âge.

Malgré ces données, Jacques Légaré prévient que tout n’est pas complètement réglé pour les X : “ nous avons évalué quelques paramètres seulement de la qualité de l’emploi. Il faut encore voir si les X ont des emplois stables, de bons revenus et si des mesures sociales seront prises pour réduire le fardeau fiscal que représentent la retraite et le vieillissement des baby-boomers ”. Le chercheur se prépare d’ailleurs à chercher des données sur le revenu, la stabilité d’emploi et la satisfaction vis-à-vis de l’emploi de cette génération et de sa suivante, les Y. Et, puisqu’il n’est ni baby-boomer, ni X, ni Y, il se sent “ tout désigné pour regarder la situation avec un regard neutre ” !

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