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A l’Accord de Paris, le Canada s'est engagé à réduire ses émissions de GES de 40 à 45 % d'ici 2030 par rapport au niveau de 2005 et à atteindre zéro émission nette d'ici 2050 [1]. Environ 17 % des émissions de GES du Canada sont attribuables à l’opération des bâtiments, ce chiffre s'élève à 30 % lorsque l'on considère la production des matériaux et la construction des bâtiments [2]. Alors que le gouvernement met en œuvre des codes et des réglementations énergétiques de plus en plus stricts pour lutter contre les émissions des nouveaux bâtiments, le Canada ne sera pas en mesure d'atteindre ses engagements climatiques s'il ne gère pas les bâtiments existants.

De plus, même si toutes les émissions de carbone liées à l'opération des bâtiments canadiens atteignaient le zéro net, une partie importante des émissions du pays provenant de la production des matériaux nécessaires à la construction des bâtiments demeureraient une source majeure d'émissions [1]. En effet, environ un quart des émissions mondiales de CO2 dans le secteur du bâtiment sont constituées d'émissions de carbone intrinsèque (principalement lié à la production des matériaux et la construction des bâtiments) [3] (Figure 1).

Figure 1 : Part des émissions mondiales de CO2 liées à l'énergie par secteur [3]

Selon la littérature, il est établi qu’atteindre zéro émission nette de carbone dans le secteur du bâtiment ne peut pas seulement être obtenue en appliquant des stratégies technologiques telles que l’utilisation de matériaux à faible émission de carbone. Des solutions non technologiques telles que la modification du comportement des occupants devraient également être mises en oeuvre, mais elles sont peu explorées dans la littérature. Cela est principalement dû aux difficultés à évaluer leur potentiel de réduction des émissions. Les études quantitatives existantes se concentrent davantage sur les économies d'énergie des stratégies non technologiques que sur l’ensemble des impacts environnementaux. De plus, pour éviter d’induire en erreur les décideurs, les études récentes s’interrogent sur les effets indirects possibles des stratégies non technologiques, comme des changements imprévus dans les activités humaines. À cette fin, l’évaluation de tous les impacts environnementaux potentiels des stratégies non technologiques et de leurs effets indirects, ainsi que la comparaison aux impacts des stratégies technologiques, permettront de mettre en lumière leur efficacité et conduiront, in fine, à une meilleure décision.

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Pour combler cette lacune et saisir pleinement les avantages et inconvénients potentiels d’atténuation environnementale des stratégies non technologiques, des méthodologies d’évaluation holistiques telles que l’analyse du cycle de vie (ACV) sont nécessaires. L'ACV est la méthode la plus largement utilisée pour évaluer les effets environnementaux potentiels et les ressources consommées au cours du cycle de vie d'un produit, comprenant l'extraction des matières premières, la production, l'utilisation et la fin de vie [4]. Elle peut fournir un aperçu approfondi des effets directs et indirects à long terme d’une stratégie en utilisant à la fois l’approche attributionnelle et conséquentielle. Selon l’UNEP-SETAC [5], «l’approche attributionnelle tente de fournir des informations sur la part des impacts mondiaux qui peuvent être associées à un produit (et à son cycle de vie)», tandis que «l’approche conséquentielle tente de fournir des informations sur les impacts environnementaux qui se produisent, directement ou indirectement, à la suite d’une décision (généralement représentée par des changements dans la demande d’un produit)».

À cet égard, même si quelques études ont tenté de tirer parti de l’ACV pour évaluer l’atténuation potentielle de l’impact sur l’environnement des stratégies non technologiques, il existe encore certaines lacunes à combler. Par exemple, certaines études ont seulement considéré les émissions de GES ou elles n’ont pas pris en compte toutes les étapes du cycle de vie du bâtiment.

Compte tenu de l'importance des méthodes d'atténuation non technologiques, l'un des projets en cours au LIRIDE concerne l'évaluation de ce type de stratégies. Il vise à combler les lacunes et à développer une nouvelle approche pour évaluer l'efficacité environnementale de ce type de stratégies à travers l'ACV.

Par Sogand Shahmohammadi, candidate au doctorat au LIRIDE (Université de Sherbrooke).

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