Saviez-vous que les abeilles domestiques sont responsables de 85 à 90 % de l’effort de pollinisation des pommiers? Si vous croquez dans une pomme, c’est qu’une abeille quelque part a fait son boulot! Pourtant, depuis quelques années, leur santé s’est fragilisée.

« Le déclin des colonies d’abeilles est vraiment multifactoriel. C’est ce qui rend la situation très complexe… et difficile à quantifier », indique André Pettigrew, agronome pour la division Estrie du Ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ). De l’avis du spécialiste, le varroa, un acarien d'origine asiatique, aurait un rôle majeur à jouer. Rappelons qu’en 2003, il avait entraîné la mort de près de la moitié des abeilles vivant en colonie au Québec. « C’est alors que l’on s’est rendu compte que nous avions perdu le contrôle : le parasite avait réussi à développer une résistance face aux acaricides », explique-t-il.

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Un déclin expliqué par de multiples facteurs

L’augmentation des superficies réservées à la monoculture, l’épandage de produits chimiques pour favoriser l’agriculture et la disparition de la flore indigène sont d’autres facteurs ayant contribué à mettre du plomb dans les ailes des butineuses. « Quand leur système est affaibli par un de ces facteurs, elles se retrouvent plus vulnérables face aux autres éléments, par exemple, la présence du varroa et des virus qu’il transporte », précise le chercheur.

« En Montérégie, on remarque une forte augmentation des terres vouées à la monoculture, comme celles du soja et du maïs allant de pair avec une forte augmentation d’épandage de pesticides », poursuit M. Pettigrew. « Contrairement aux années 80, on n’utilise presque plus de pesticides de contact. On a davantage recours à l’épandage au sol. »

Résultat? Le problème, aujourd’hui, est systémique : on retrouve des traces d’agents chimiques dans le pollen et le nectar des fleurs, contaminant ensuite les abeilles. C’est comme si on les empoisonnait à petit feu. Les effets des pesticides ne sont plus létaux; on a affaire à des cas d’intoxication chronique. Les symptômes? Confusion des abeilles, désorientation, abandon des tâches à faire dans la colonie, etc.

L’urbanisation et la monoculture contribuent également à rendre la vie difficile aux abeilles avec pour effet de raréfier les espèces florales nécessaires à leur alimentation diversifiée en nutriments, et ce, tout au long de leur saison active. C’est ainsi qu’il devient de plus en plus pertinent pour les apiculteurs de louer leurs ruches pour polliniser les productions de fruits. D’une part, le producteur s’assure une récolte abondante et de l’autre, l’apiculteur peut ainsi nourrir ses abeilles domestiques. Ceci ne vient cependant pas sans heurt. Déplacer les abeilles continuellement au cours de la saison les rend plus vulnérables à différents virus et maladies. De plus, ces déménagements fréquents occasionneraient bien du stress aux abeilles, les rendant ainsi plus vulnérables face aux multiples facteurs déjà évoqués.

Quelques pistes de solution…

Selon André Payette, entomologiste au Jardin botanique de Montréal, il faut informer et sensibiliser davantage la population au rôle majeur que jouent les abeilles dans notre alimentation. Parallèlement, on doit renforcer les efforts de recherche afin de savoir comment les rendre moins vulnérables. « On en sait encore très peu à propos des impacts entre les apiculteurs, les agriculteurs maraîchers et à court terme, ce qui se retrouve dans l’assiette des consommateurs », mentionne-t-il.

Manger bio, une solution? L’agronome a aussi son idée sur la question. « Les gens qui mangent bio ont une conscience environnementale plus élevée. C’est sûr que se nourrir d’aliments certifiés biologiques a un effet protecteur sur les abeilles; ces productions n’utilisent pas de pesticides et autres produits chimiques. Est-ce qu’on peut nourrir la planète en entier qu’en produisant du bio? J’en doute… », conclut le spécialiste.

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