Vous savez que vous n’êtes pas dans un congrès international ordinaire lorsque les directives pour l’inscription précisent que vous pouvez inscrire votre robot ou votre dragon. Mais parallèlement, la présence parmi les conférenciers du Nobel d’économie Paul Krugman rappelle à ceux qui auraient l’audace d’en douter, que la science-fiction, c’est du sérieux.

Après tout, c’est la psycho-histoire —cette « science » qui, dans l’imaginaire d’Asimov, était capable de prédire le futur— qui a jadis donné à Paul Krugman l’envie de devenir économiste. Ne serait-ce que pour ça, la science-fiction pourrait se vanter d’avoir réussi un bon coup.

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Un bien meilleur coup que les économistes eux-mêmes, dont les talents pour prédire le futur n’ont vraiment pas été terribles... « En économie, on bâtit des modèles », a expliqué le Nobel vendredi après-midi devant une salle pleine à craquer du Palais des congrès de Montréal. « Ces modèles sont utiles, mais le piège, c’est de croire que la société doit toujours y obéir. »

Ces modèles, poursuit-il, permettent plutôt d’expliquer ce qui s’est passé. Et à partir de là, de spéculer.

Spéculer? Tiens donc. L’économie serait-elle une petite soeur illégitime de la science-fiction? Mais alors, la science, elle? Elle en est encore plus près, mais les scientifiques gagneraient à s’en rendre compte un peu plus souvent. De cela et de bien d’autres choses, selon le physicien Chad Orzel : il fait partie de cette race de scientifiques qui, plutôt que de reprocher au public et aux politiciens leur désintérêt pour la science, jette le blâme sur les scientifiques eux-mêmes. Il faut qu’ils sortent de leur bulle et qu’ils communiquent, et à l’heure des blogues, des nombreux best-sellers qu’a inspiré The Physics of Star Trek ou de téléséries comme The Big Bang Theory, ce ne sont pas les opportunités qui manquent, a-t-il dit à un public —gagné d’avance— dans le cadre d’un parmi plusieurs centaines d’ateliers du 67e Congrès mondial de science-fiction, qui avait lieu en fin de semaine à Montréal.

Mais est-on encore dans un congrès de science-fiction quand un scientifique recommande aux autres scientifiques de mieux vulgariser? Quand un panel tente d’explorer « la pathologie des négationnistes du réchauffement climatique », quand un autre philosophe sur « postmodernité, posthumanité » ou quand un petit groupe s’instruit sur le processus de révision par les pairs? De toute évidence, les auteurs de science-fiction ont intérêt à insuffler du réalisme —encore plus— dans leurs histoires... parce qu’il n’y avait pas seulement des auteurs parmi le public de ces ateliers : plusieurs de leurs fans, parmi les quelque 3000 présents, se tiennent à jour, eux, sur la science.

Y compris ceux qui viennent avec leur robot ou leur dragon.

Pascal Lapointe

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