La guerre est finie. Les chats ont rendu les armes: ils sont inférieurs aux chiens.

Bon. Du moins, c’est ce qu’aimeraient bien croire les gens qui ont une personnalité «chien», fermement convaincus que non seulement le chien est supérieur, mais que leur chien est supérieur. Et du point de vue de la science, le chien a longtemps eu un avantage sur le chat, du fait qu’il attirait plus de scientifiques intéressés à calculer son Q.I.

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Mais avec ces biologistes comportementaux qui ont commencé à s’intéresser au chat aussi, il est pour la première fois possible de comparer —presque— objectivement les résultats aux examens de nos amis poilus.

Le New Scientist s’est amusé à leur faire subir 11 épreuves.

1. Le cerveau

Celui du chien est plus gros que celui du chat (64 grammes contre 25), mais comme le chien est en général plus gros que le chat, si on calcule plutôt le ratio cerveau-masse corporelle, le minou l’emporte d’un poil. Il devrait toutefois se garder de miauler de satisfaction, parce que les biologistes ont appris ces dernières années que les plus petits mammifères ont des cerveaux relativement plus gros, par rapport à leur masse corporelle. En termes simples, cela veut dire que le chat a le cerveau qu’on aurait pu prédire en regardant les autres mammifères, tandis que le chien en a plus que prévu dans la boîte crânienne.

2. Ancêtres communs

La génétique nous apprend que loups et chiens se sont séparés il y a 135 000 ans. Bien que l’archéologie puisse suggérer que le chien partageait déjà la vie de certains de nos ancêtres il y a 30 000 ans, des chercheurs plus prudents préfèrent évoquer 16 000 ans. Mais dans les deux cas, ça donne plusieurs longueurs d’avance au chien: on croit que les chats ont été domestiqués par les premiers fermiers qui y ont vu une arme utile contre la vermine, ce qui placerait leur entrée dans nos vies il y a, au mieux, 10 000 ans.

3. Liens

Tout le monde connaît la forme d’attachement qui unit un chien à «ses» humains. C’est un lien qui nécessite le développement d’une forme d’intelligence, et c’est pourquoi on a souvent comparé cela à l’intelligence d’un bébé de 12 à 18 mois. Qu’en est-il des chats? En science, c’est la grosse inconnue, parce que placer un chat en compagnie de gens avec qui il n’est pas familier est extrêmement difficile en laboratoire, le chat étant viscéralement attaché à son territoire (avant d’être attaché à «ses» humains? C’est ce que tout le monde croit, mais ça n’a pas pu être démontré).

4. Popularité

La popularité est-elle un signe d’intelligence? Douteux, mais il serait injuste de retirer aux chats un de leurs rares avantages: ils sont plus nombreux que les chiens.

5. Compréhension

Nous vous parlions ici, en 2004, de Rico, un colley qui comprend environ 200 mots. Même le chien le moins entraîné peut en mémoriser quelques dizaines, de la promenade jusqu’aux biscuits. Les chiens peuvent même maîtriser un langage non-verbal, en particulier le doigt pointé dans la direction où se trouve la récompense.

En théorie, à en juger par son cerveau, le chat devrait être capable de faire tout ça et en laboratoire, on est effectivement parvenu à leur faire accomplir des «exploits». Pourquoi alors est-ce si rare? Selon Adam Miklosi, de l’Université Eotvos Lorand, en Hongrie, c’est parce qu’il n’est «ni accommodant ni motivé». N’empêche que dans ces expériences, même lorsque la motivation s’y trouve —de la nourriture bien en vue mais difficile d’accès— le chien est plus susceptible de solliciter l’aide de l’humain le plus proche, alors que le chat est plus susceptible de baisser les bras —ou les pattes.

6. Résolution de problèmes

Votre animal préféré est intelligent, d’accord, mais n’attendez pas de lui qu’il résolve un problème nécessitant l’apport d’une pensée abstraite. Il ne comprendra pas qu’un «X» sur le sol indique quelque chose d’important. Il n’apprendra pas à ouvrir une porte.

Encore que ce ne soit pas tout à fait exact: les chiens «performent» moins bien en laboratoire, loin de leur humain préféré, mais encouragé par celui-ci, seront beaucoup plus motivés. Leur problème, autrement dit, est qu’ils s’en remettent à nous pour résoudre les problèmes, et non qu’ils sont incapables de les résoudre.

7. Il ne lui manque que la parole...

Ils jappent et miaulent, mais cela veut-il dire quelque chose? De toute évidence, oui : des analyses sonores révèlent les mêmes types de sons pour des besoins similaires (manger, sortir, jouer...). Mais ce «vocabulaire» est limité et, hélas pour les chats, il est encore plus limité chez eux. Considérant que les loups adultes ne jappent pas, l’hypothèse courante est que ce «langage» ait évolué au fil des milliers d’années, comme une façon pour le chien de communiquer avec nous.

8. Entraînement

Forcément, le chien est plus facile à entraîner. Là où d’autres animaux, comme les dauphins ou les chimpanzés, apprennent par émulation, le chien apprend comme un enfant, en suivant nos indications. Voilà aussi un trait qui, au fil des milliers d’années, a évolué en fonction de nous: le chien le plus facile à entraîner est celui qui aura plus de chances de se trouver un propriétaire, et d’engendrer une descendance.

9. Super-pouvoirs

Super-odorat, super-audition: tous deux en sont dotés. Et là aussi, la sélection artificielle, sur des milliers d’années, a donné aux chiens plusieurs longueurs d’avance sur les chats.

Mais à force d’entendre parler de ces chiens qui peuvent suivre une piste vieille de plusieurs heures, on en oublie que l’odorat du chat n’est pas mal non plus. Son nez est doté de 200 millions de récepteurs d’odeurs, contre 300 millions pour le chien... et 5 millions pour nous. Et n’oublions pas la vision nocturne: ni Fido ni Félix n’ont de super-yeux, mais la nuit, ils sont beaucoup plus dans leur élément, et sur ce point, le chat bat le chien.

10. Écologiques

Ce n’est pas une surprise pour quiconque a déjà vu son chat lui ramener un oiseau mort, le félin est plus à l’aise dans la «nature». C’en est au point où les chats domestiques sont impliqués, dans certaines villes, dans la disparition de certaines espèces d’oiseaux! Et peut-être parce qu’il est moins massif, le chat a aussi une empreinte écologique moins lourde: 0,15 hectare par année, contre 0,28 pour le chien, rapportait le New Scientist il y a deux mois.

11. Utiles?

Les chiens peuvent chasser, guider des aveugles et monter la garde. Ils peuvent renifler de la drogue ou de l’explosif dans une valise. Ils peuvent trouver des victimes d’une avalanche, aider des enfants à apprendre ou rapporter les pantoufles. Les chats, de leur côté, attrapent les souris.

La comparaison est injuste parce qu’ultimement, nous aimons nos animaux pour d’autres raisons. Et on n’a pas mentionné qu'ils peuvent servir à diminuer le stress, et autres impacts psychologiques intangibles. Ils peuvent même avoir un impact physique, comme en nous obligeant à prendre une marche. Mais sur ce dernier point, le chien l’emporte aussi...

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