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Le rêve d’un utérus artificiel vient de faire un bond en avant avec l’annonce que des agneaux nés prématurément ont pu être maintenus en vie pendant quatre semaines.

Les foetus d'agneaux ont été placés dans cet environnement après 15 à 17 semaines d’une gestion censée en compter 21. Certains ont été ensuite euthanasiés afin d’observer si le développement de leurs organes, en particulier leurs poumons, était comparable à celui de moutons nés dans des conditions normales. D’autres agneaux sont « nés » — retirés de leur « sac » et nourries à la bouteille. La plus vieille a maintenant un an et ne présente aucune anomalie de développement, selon l’article.

À l’heure actuelle, un bébé humain né après seulement 20 à 22 semaines de gestation, plutôt que 40, n’a que 10 % de chances de survie. À 24 semaines, ses chances sont encore inférieures à 50 %. Et ceux qui survivent sont vulnérables aux infections, en plus d’être à risque de paralysie cérébrale ou de handicaps visuels ou auditifs. Leurs organes sont également qualifiés « d’immatures ». En théorie, avec quelques semaines de développement de plus dans un tel environnement artificiel, on pourrait, croit-on, améliorer leurs chances.

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Et même si la possibilité d’adapter cela à des bébés humains réside encore dans un futur indéterminé, il n’empêche que c’est avec cet objectif en tête que les chercheurs se sont lancés dans cette voie. « Nous avons développé un système qui reproduit, aussi fidèlement que possible, l’environnement de l’utérus et remplace les fonctions du placenta », résume Alan Flake, de l’Hôpital pour enfants de Philadelphie, auteur principal de l’étude parue mardi dans Nature Communications.

Le sac de plastique en apparence banal, scellé, vise à protéger le foetus des infections — au contraire de l’incubateur qui sert actuellement aux prématurés. Les chercheurs ont rempli ce sac d’un « fluide amniotique » composé en partie d’eau et de sel avec un tuyau qui fournit du fluide et un autre qui le vide. L’équipe dit travailler à présent avec l’organisme américain chargé d’approuver les médicaments et les nouveaux traitements — la Food and Drug Administration — afin de développer une version de l’équipement qui pourrait être testée sur des prématurés de 24 semaines, jusqu’à ce qu’ils atteignent leur 28e semaine, stade où le taux de survie est beaucoup plus élevé. Qui plus est, ce n’est pas la première fois qu’on annonce l’imminence d’un « utérus artificiel » : une expérience avait été faite dès 1996 au Japon — et avait échouée.

Il est toutefois peu probable qu’une telle expérience ait lieu avant trois, voire cinq ans : il faudra beaucoup d’autres tests sur des agneaux avant d’en arriver là. Et il y aura tôt ou tard la question de savoir quel est le seuil au-delà duquel il n'est pas éthiquement souhaitable de placer un prématuré dans cet environnement.

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