manchot-jugulaire.jpg

Il existe une espèce de manchot, en Antarctique, qui fait plus de 10 000 siestes par jour… mais de quelques secondes chacune.

Des « microsiestes » sont courantes dans le monde aviaire. On connaît plusieurs espèces d’oiseaux qui « sommeillent » pendant une dizaine de secondes, à raison de centaines de fois par jour. 

Le manchot à jugulaire (Pygoscelis antarcticus) vient toutefois de battre tous les records connus. Mais ce comportement, rapporté le 30 novembre dans la revue Science par des chercheurs français et coréens, s’inscrit pourtant dans la même logique que ses cousins aviaires: c’est une façon de rester vigilant contre d’éventuelles menaces, incluant les prédateurs. 

Abonnez-vous à notre infolettre!

Pour ne rien rater de l'actualité scientifique et tout savoir sur nos efforts pour lutter contre les fausses nouvelles et la désinformation!

Et c’est encore plus vrai lorsqu’on réalise que le comportement a été observé pendant la période où ces animaux couvent les oeufs —pendant que leur partenaire est parti chercher de la nourriture, une absence qui peut durer des jours. Pendant la couvaison, ils peuvent se regrouper par milliers, collés les uns sur les autres, avec un risque d’agression par un « voisin ». Et ils ont aussi un prédateur: le labbe antarctique (Stercorarius antarcticus), un oiseau qui cible les oeufs ou les oisillons. 

Chez les manchots, mâles et femelles couvent les oeufs en alternance, pendant que le partenaire s'absente. 

Le neurologue français Paul-Antoine Libourel et son collègue avaient installé, en décembre 2019, des capteurs sur 14 de ces manchots de l’île du Roi George, pour mesurer pendant 11 jours leur activité cérébrale et les mouvements des muscles du cou, en plus de les doter d’un GPS pour suivre leurs déplacements. La durée moyenne d’une « sieste » s’est avérée être de 3,91 secondes. Les siestes semblent être réparties également pendant toutes les heures de la journée.

Page couverture de la revue Science, 1er décembre 2023

Au-delà de son aspect insolite, cette étude signale que le sommeil, bien que répandu chez l’ensemble des animaux, peut prendre plusieurs formes, et que ces formes sont encore mal connues. Comme le rappellent deux experts en médecine du sommeil qui signent un commentaire accompagnant l’article, nos connaissances sur la « biologie du sommeil » reposent en majeure partie sur des espèces étudiées en laboratoire, comme la souris ou la mouche à fruits.   

Dans le cas du manchot, mises bout à bout, ces 10 000 et quelques siestes totalisent environ 11 heures de sommeil. Il n’est toutefois recommandé à aucun humain de tenter de les imiter…

Je donne