David contre Goliath
Le Brésil poursuit la résistance
(ASP) - Le Brésil persiste et signe :
il pourrait bien devenir le premier pays au monde à
défier un brevet sur un médicament anti-sida.
Son gouvernement a annoncé la semaine dernière
quil avait officiellement autorisé les
chercheurs de la santé publique à produire
une version "locale" du Nelfinavir, médicament
breveté par le géant pharmaceutique suisse
Roche. Version
locale qui coûterait 40% moins cher.
Il sagit donc dun nouvel épisode
prévisible, puisque tous les yeux étaient
tournés vers le Brésil depuis la victoire
en Afrique du Sud plus tôt
cette année- dans cette lutte pour produire
des "copies" à bas prix des médicaments
anti-sida. Les compagnies pharmaceutiques aiment de
moins en moins la tournure que prennent les événements
après le sida, la tuberculose- mais devant
la pression de lopinion publique, elles ont dû
céder du terrain petit
à petit depuis un an.
Dans le cas du Brésil, ce ne sont
pas seulement les compagnies pharmaceutiques que ce
pays a sur son dos, mais aussi les Etats-Unis qui, jusquen
juin dernier, avaient déposé une plainte
contre lui auprès de lOrganisation mondiale
du commerce: selon cette plainte, la loi brésilienne
autorisant la production de telles copies des
médicaments "génériques",
selon la terminologie officielle- dans des situations
durgence contreviendrait aux règles internationales
du commerce, puisquelle empêcherait la libre-circulation
des médicaments "officiels". Là
aussi, devant la pression de lopinion publique,
les Etats-Unis ont dû se faire conciliant, et
retirer leur plainte en juin.
Le Brésil abriterait le plus grand
nombre de sidéens dAmérique latine,
soit environ 200 000 et le quart dentre eux utilisent
du Nelfinavir. Ce qui suffit à gruger un quart
du budget brésilien sur le sida, lequel sélève
à 300 millions$ par an.
Plus tôt cette année, la
compagnie Roche avait offert dabaisser le prix
de son médicament de 13%. La proposition avait
été rejetée par le gouvernement.