Le rapport de la commission d'enquête
sur l'accident de Columbia (voir
ce texte) était encore chaud que, déjà,
l'agence spatiale américaine avançait
des dates: les navettes pourraient reprendre l'air en
mars ou avril 2004.
Mais dans la plus grande discrétion,
le 3 septembre, un comité du Sénat sur
la financement a jeté une douche d'eau froide:
il a rejeté la demande du président Bush
de hausser le budget de la Nasa pour l'année
2004. "Je ne suis pas prêt à signer un
chèque en blanc à la Nasa", a déclaré
l'un des élus. Le 8 septembre, la Nasa publiait
son propre plan: améliorer les trois navettes
en vue du printemps prochain coûterait 200 millions$
de plus. D'où, impasse.
Le budget de la Nasa déjà
approuvé pour l'année 2004 s'élève
à 15,3 milliards; là-dessus, 200 millions$
ont déjà été sabrés
dans le budget de la station spatiale. La Chambre des
représentants proposait de l'élever à
15,5 milliards; c'est cette hausse que le comité
du Sénat a refusé le 3 septembre.
Et le comité du Sénat n'était
pas encourageant non plus dans sa lecture du rapport
de la commission d'enquête. Il a insisté,
ce qui était prévisible, sur ce qui a
fait le plus mal à l'agence dans cette enquête:
l'usage inefficace des fonds en raison d'une culture
d'entreprise déficiente. Le comité du
Sénat suggère donc que l'agence établisse
un plan budgétaire de 10 ans avant d'aller plus
loin, ce qui, en soi, suffirait déjà à
retarder n'importe quel lancement...
Ceci dit, il n'y a pas que des problèmes
d'argent qui rendent difficile à envisager une
reprise des vols dès le mois de mars. S'astreindre
à un calendrier
trop serré n'est vraiment la bonne chose à
faire, a par exemple critiqué le colonel
Richard O. Covey, ancien astronaute et co-président
du comité d'enquête sur l'accident de Columbia.
Si certaines améliorations aux navettes peuvent
être faites en un rien de temps, d'autres exigeront
en revanche de surmonter des défis techniques
entièrement nouveaux.
Et puis, il y a la culture de la Nasa
elle-même à combattre et pour cela, l'agence
spatiale n'a pas encore posé de gestes montrant
qu'elle avait compris le message, a poursuivi le colonel
Covey. Interrogé par le New York Times,
un autre militaire et ex-membre du comité d'enquête
est allé dans le même sens: le plan de
reprise des vols de la Nasa, bien que prometteur, ne
montre qu'une "réponse limitée" de la
Nasa à l'enquête dont elle a été
l'objet; "Ils ont déjà commencé
à choisir et sélectionner" ce sur quoi
ils vont concentrer leurs efforts.
Incidemment, en quoi consistent ces 15,3
milliards? Des petites portions, ici et là, également
approuvées par les élus, vont
par exemple à un projet de recherche en nanotechnologies
médicales à l'Université du Texas
(1 million$), à un projet de recherche en photonique
de l'Université du Maryland (2 millions) ou à
une recherche sur l'atmosphère et les océans
à l'Université de l'Alaska (8 millions).
Tant qu'il n 'y a pas de navette, la Nasa économise
16 millions$ par vol annulé; et l'ensemble du
budget de la navette s'élève à
4 milliards$.