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Les escapades estivales dans la nature nous rappellent souvent, surtout à la tombée de la nuit, qu’il existe toutes sortes de bestioles pour qui notre corps est synonyme de buffet « all you can eat » ! Outre les insectes qui ne nous font que de petites « prises de sang », il y a aussi de nombreux parasites qui, eux, élisent carrément domicile dans notre corps et même pour certains carrément à l’intérieur de nos cellules.

C’est par exemple le cas de Toxoplasma gondii, un protozoaire parasite très répandu capable d’infecter à peu près tous les animaux à sang chaud, l’être humain y compris. On pense que près de la moitié des humains pourraient être infectés, sans symptômes apparents la plupart du temps. Cependant, c’est seulement dans les félidés comme le chat domestique qu’ils peuvent se reproduire.

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Quel lien ce parasite a-t-il avec le cerveau ? Un lien de "manipulateur de comportements", du moins avec le cerveau de rat. Le parasite Toxoplasma gondii est en effet capable de rendre les rats qu’ils infectent moins peureux de l’odeur de chat. Résultat : à la longue, ces animaux moins prudents se font plus souvent manger par les chats, et transmettent ainsi à leur hôte de prédilection le protozoaire qui peut alors s’y reproduire.

Il y a quelque chose d’assez étonnant, voire de presque « magique », dans l’idée qu’un petit protozoaire puisse prendre les commandes de certaines parties du cerveau de rat et influencer son activité de telle sorte que le comportement du rat devienne ni plus ni moins que suicidaire au profit du parasite.

Deux considérations peuvent toutefois nous aider à comprendre réellement ce qui se passe : l’une relève de la théorie de la sélection naturelle , l’autre de ce qu’on appelle l’épigénétique .

Dans une perspective évolutive d’abord, il faut toujours se rappeler qu’il n’y a pas de finalité, pas « d’intention » permettant par exemple ici au parasite d’infléchir le comportement du rat dans un sens qui serait avantageux pour lui. Il n’y a que des variations dans la génétique de ce protozoaire qui, dans certains cas, vont amener certains individus de Toxoplasma gondii à produire certaines molécules qui, par hasard, vont avoir un effet sur des neurones du cerveau de rat qui vont l’amener à avoir moins peur du chat et donc à se faire bouffer plus souvent. Les autres individus de Toxoplasma gondii dont l’évolution n’avait pas fait cadeau par hasard de ces précieuses molécules n’ont tout simplement pas eu d’effet sur les cerveaux de rat. Ceux-ci se sont mieux protégés des chats et ces lignées de Toxoplasma gondii incapables d’affaiblir la peur naturelle du rat pour le chat sont progressivement disparues. Et il ne reste aujourd’hui que les mutants chanceux capables d’effectuer le « tour de magie ».

Or une étude publiée l’an passé a levé le voile sur le mécanisme par lequel le protozoaire rend le rat moins peureux du chat. Il s’agit d’un mécanisme épigénétique (ma deuxième considération qui aide à comprendre ce qui se passe) qui a lieu dans certains neurones de l’amygdale , une région du cerveau impliquée dans les réactions de peur. Par épigénétique, on entend ici des mécanismes moléculaires affectant non pas l’ordre des bases nucléiques sur l’ADN (on parlerait alors de mécanismes génétiques), mais plutôt des molécules qui, en se fixant sur ou autour de l’ADN, affecte la traduction en protéines de cet ADN .

En l’occurrence ici, Toxoplasma gondii produit une enzyme qui enlève un petit groupe moléculaire méthyle qui inhibe normalement l’expression d’un gène produisant un messager chimique appelé vasopressine . Et c’est cette vasopressine, qui devient alors en excès dans les neurones de la partie médiale de l’amygdale , qui va donner cette insouciance fatale aux rats…

i_lien Parasites practicing mind control a_expToxoplasma gondii infection reduces predator aversion in rats through epigenetic modulation in the host medial amygdala i_lien Toxoplasma gondii

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