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Si le rapport international sur les espèces invasives a correctement fait les manchettes en début de semaine avec ses statistiques troublantes, un chiffre est passé largement inaperçu: seulement 17% des pays ont des politiques adéquates.

Tel que rapporté lundi par les médias partout dans le monde, ce rapport spécial émanant du groupe international d’experts sur la biodiversité (IPBES), un organisme sous l’égide des Nations unies, conclut entre autres que : 

  • sur 37 000 espèces animales ou végétales qui ont été introduites par les humains dans un écosystème qui n’est pas le leur, plus de 3500 posent une menace pour la nature, la santé humaine ou l’économie;
  • ces « espèces invasives » jouent un rôle-clef dans 60% des cas d’espèces animales ou végétales qui sont en voie de disparition;
  • la facture entraînée par les dégâts que posent ces espèces est estimée à 400 milliards$ par an;
  • cette facture a été multipliée par quatre à chacune des décennies depuis les années 1970. 

En revanche, le rapport signale aussi que, bien que 80% des pays aient des cibles de réduction des espèces invasives à l'intérieur de leurs plans de défense de la biodiversité, seulement 17% ont des lois ou des règlements concernant spécifiquement ce problème. Avec pour résultat, des efforts globalement « insuffisants » face à l’ampleur du problème, lit-on dans le Résumé pour les décideurs

Des politiques efficaces sont souvent absentes ou implantées de manière inadéquate… Les politiques pertinentes aux invasions biologiques sont aussi fragmentées à l’intérieur des pays.

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Les auteurs ajoutent que 45% des pays « n’investissent pas dans la gestion des espèces invasives ». Parmi les raisons, des « perceptions » différentes quant à l’urgence du problème, un manque de prise de conscience quant à l’importance qu'aurait une réponse coordonnée à l’échelle internationale, et des trous dans la collecte des données. 

Une note positive, les solutions sont connues dans presque tous les cas: des outils pour la gouvernance ou des actions ciblées ont ainsi fait leurs preuves pour prévenir l’entrée d’espèces invasives dans une région, contrôler leur croissance, voire les éradiquer. Certes, le scénario d’une totale éradication est irréaliste dans beaucoup de cas, mais on note des succès sur des îles: « dans les 100 dernières années, 88% des tentatives d’éradication sur 998 îles ont été un succès ». 

Le plan stratégique adopté à Montréal en décembre dernier au terme de la 15e Conférence des parties sur la diversité biologique (Cadre mondial de la biodiversité Kunning-Montréal) fournit des paramètres pour cette éventuelle coordination à l’échelle nationale ou internationale. Mais le rapport publié lundi souligne qu’une telle « coordination » ne devra pas se traduire uniquement par des actions sur le terrain (par exemple, pour limiter l’expansion d’espèces invasives) mais aussi par un travail d’éducation et de sensibilisation du public : « un engagement public avec des plateformes de science citoyenne ou des campagnes d’éradication menées au niveau de la communauté, peuvent accroître la sensibilisation et contribuer à des actions qui réduisent la menace des espèces invasives ». En autant qu’il y ait une volonté politique, à court et à long terme.

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