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Je vais aujourd’hui donner suite à ma promesse de la semaine dernière de vous parler de certaines transitions entre les niveaux d’organisation du vivant et de notre cerveau, jusqu’à nos cultures et institutions sociales, que je redécouvre actuellement en relisant la 8e version du bouquin que j’ai écrit sur tout ça. Mais je le ferai sous une forme brève et dans l’esprit du  « journal de bord » que je tiens ici depuis janvier 2022. Dans le sens où ce livre à paraître au début de l’automne prochain est une sorte d’attracteur qui me happe autant qu’il me nourrit depuis que je l’ai commencé il y a maintenant 3 ans et demi. Et c’est en toute transparence que j’ai commencé ce journal, ne sachant pas où il allait me mener. Par exemple, à me rappeler qu’en lisant parfois des chroniqueurs hebdomadaires qui se répètent ou traitent de choses assez futiles pour remplir leur chronique, je m’étais toujours dit que si j’en venais moi-même manquer de temps ou à n’avoir rien à dire, ben que je n’écrirais pas… Ou du moins très brièvement, comme je le ferai finalement cette semaine, pour souligner quand même un phénomène social digne d’intérêt : celui d’un système économique où notre survie dépend de notre capacité à « livrer la marchandise » sous peine de manquer de quoi manger ou se loger (un système de don étant par exemple assorti à ce blogue…). Ce qui est quand même assez archaïque comme façon de concevoir l’humanité, quand on s’arrête à y penser. Mais justement, ce système est ainsi fait qu’on a bien souvent… pas le temps pour s’arrêter et en prendre conscience ! Alors je vais écrire deux trois paragraphes là-dessus quand même aujourd’hui. Parce que c’est important. Et parce que s’octroyer cette liberté, je trouve ça quand même de plus en plus amusant !

Me voilà donc un lundi matin à me demander sur quoi je vais bloguer aujourd’hui. Me revient alors en tête le courriel d’un chercheur reçu en fin de semaine qui m’a amené à modifier une page de mon site sur la fonction des rêves. Il me soulignait que les théories que j’y présentais brièvement n’étaient plus celles qui étaient les plus discutées à l’heure actuelle. Il avait certainement raison, et j’ai fait une petite mise à jour explicative rappelant que la science était une entreprise où les débats n’arrêtaient jamais, et qu’une page publiée en 2006 ne pouvait évidemment pas rendre justice à la richesse des données et théories actuellement « sur le marché ». J’en profitait pour rappeler au chercheur que depuis que le gouvernement conservateur avait mis un terme à notre financement en 2013, après dix ans de vulgarisation des neurosciences dans un site dont les différents niveaux de navigation étaient fort appréciés, j’avais dû me recycler en blogueur et conférencier pour continuer de suivre la science en marche et la diffuser, tout en tentant de continuer de (sur)vivre avec ça.

Ces niveaux d’organisation multiples du vivant (j’essaie de remplir ma promesse d’en parler en vous pointant par exemple la première partie d’une conférence récente où j’en parle…) sont ceux-là même qui, dans mon site, aident à comprendre à tout moment (avec l’aide de la boîte de navigation des niveaux d’organisation, en haut à droite de chaque page de contenu), ce qui se passe au niveau cellulaire ou moléculaire à chaque fois qu’il se passe en même temps quelque chose aux niveaux supérieurs. Et dans le cas du sommeil et du rêve, des hyperliens vers ces niveaux inférieurs sont en plus fournis dans les explications de la page dont je vous parlais plus haut. Chose qui manque à un article, par ailleurs bien écrit, publié ce matin sur le site web de Radio-Canada, justement sur une étude menée par une équipe française sur le niveau de conscience durant les différents stades du sommeil. L’étude montre qu’on est moins isolé du monde qu’on le croyait quand on dort, et que certaines fenêtres de réactivité existent sur le plan cognitif qui pourraient contribuer à nous garder minimalement en contact avec des stimuli de notre environnement extérieur.

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Mais cela se produit-il vraiment quand on dort d’un sommeil réparateur, ou est-ce possible seulement au prix d’un sommeil qui l’est moins ? L’étude ne pouvant trancher là-dessus de la façon dont elle avait été conçue, « more research is needed », comme on dit tout le temps en science. Et c’est un peu avec ça que le vulgarisateur scientifique doit « dealer » au quotidien. Sentiment d’humilité garanti ! Et nécessité de faire des compromis entre « tout ce qu’il y aurait à dire » et ce qu’on a le temps ou l’espace (dans un livre) de dire. Sans parler des impératifs des projets à long terme, comme celui de faire avancer la relecture d’un livre en en faisant un peu chaque jour (et donc de se garder du temps pour ça, même un lundi de blogue…), ou de donner des conférences en échange de dollars (comme celle que je dois aussi préparer pour demain) pour pouvoir acheter des tomates et entretenir ce télencéphale hautement développé et ce pouce préhenseur qui caractérise un être humain… (certain.es auront ici reconnu l’influence d’un court-métrage classique brésilien de 1989, l’Ile aux fleurs, que j’ai revu sans doute pour la dixième fois ce week-end, et qui montre, entre autres, que ce système peut en arriver à traiter des humains moins bien que des cochons…).

Je donne