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Le cinquième rapport d'évaluation du GIEC enfonce le clou quant à la certitude scientifique sur la cause anthropique du réchauffement climatique.

Par Dominique Paquin, spécialiste en modélisation climatique et membre du Cercle scientifique.

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Il y a quelques jours paraissait le rapport de synthèse du cinquième rapport d'évaluation du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat). Sera-t-il prisé des médias ou éclipsé par l'Ebola ou bien par l'attaque des «loups solitaires»? Qu'importe, que contient ce rapport que nous ne savons pas déjà? Par le processus même du GIEC, les quelques 3000 pages du rapport sont déjà publiées et la synthèse n'est au fond qu'un résumé succinct des faits saillants.

Je pourrais donc vous parler d'augmentation de température moyenne sur le globe, de ce qui est déjà mesuré et de ce qui s'en vient. Je pourrais vous parler du rehaussement du niveau de la mer, de l'acidification croissante des océans, de la disparition des glaces. Je pourrais aussi prendre l'angle des impacts et écrire sur les effets au niveau de la biodiversité, des infrastructures ou de la demande énergétique. Ou encore parler de l'atténuation urgente des émissions qu'il nous faut faire.

Je préfère plutôt parler de certitude.

Parce qu'au fond, la différence fondamentale entre ce cinquième rapport et les quatre précédents, c'est la certitude que nous avons maintenant en ce qui a trait à l'ampleur des changements et qui faisait défaut lors du premier rapport de 1990. Dans ce document historique, il est dit que la détection sans équivoque du changement climatique prendrait encore au moins 10 ans. Et nous voilà rendus 25 ans plus tard, maintenant certains (à 95% de signification statistique) que plus de la moitié du réchauffement OBSERVÉ (et non plus prévu) a été causé par les humains. Ce n'est plus une question théorique, telle que l'étudiait les physiciens et les chimistes du XIX siècle, alors qu'ils croyaient que ça prendrait 3000 ans avant de doubler la quantité de CO2 dans l'atmosphère (ce qui se produira autour 2050, selon nos émissions). C'est réel, mesuré, il y a consensus scientifique, et pourtant, l'inaction demeure.

Une collègue lasse de la stagnation et du désengagement politique, Catherine Potvin (professeur de biologie tropicale de l'université McGill) a réuni quelques 55 chercheurs de diverses disciplines provenant de partout à travers le Canada dans un groupe «Dialogues pour un Canada vert». Cette initiative vise à renforcer la prise de conscience publique et politique de l'urgence des mesures à prendre afin d'atténuer les émissions de gaz à effet de serre. Comme tous les autres chercheurs de ce groupe, j'ai accepté d'en faire partie pour une simple raison: la certitude. Parce que depuis plus de 150 ans des scientifiques de diverses disciplines analysent, étudient, questionnent, cherchent, réfutent, expliquent, comprennent et prédisent les changements climatiques. Parce que ce qui n'était qu'une hypothèse intéressante est devenu réalité. Parce que les modèles climatiques utilisés pour faire les projections climatiques sont des outils fiables et que déjà dans le premier rapport d'il y a 25 ans ils nous annonçaient ce qui maintenant est!

Je donne