La demande pour Wegovy, médicament par injection pour la perte de poids, a atteint des sommets cette année, rappelle le magazine de vulgarisation The New Scientist et c’est l’aboutissement d’un parcours de quelques décennies, rappelle le magazine Science: dans les années 1980, des chercheurs avaient découvert qu’une hormone de l’intestin appelée  GLP-1 (glucagon-like peptide-1) semblait pouvoir contrer le développement du diabète. 

Il avait fallu attendre 2005 pour pouvoir en tirer un premier médicament (Byetta) contre le diabète de type 2, puis 2010 pour un second médicament qui serait par la suite, en 2014, approuvé par les autorités pour la lutte contre l’obésité. Ces médicaments sont fabriqués à partir de molécules mimant l'action de l'hormone GLP-1. 

Une nouvelle version est synthétisée dans les laboratoires de la compagnie pharmaceutique Novo Nordisk en 2016, sous le nom de sémaglutide: c’est celle-ci qui est vendue sous le nom Ozempic contre le diabète et Wegovy contre l’obésité. En 2021, un essai clinique lui avait attribué une baisse de la masse corporelle de 15% chez ceux qui l’avaient pris pendant 16 mois. Et depuis, les ventes ont explosé, en Amérique du Nord et en Europe. Considérant à quel point l’obésité est devenue un problème de santé publique majeur dans les pays riches, une telle percée —qui s’accompagne apparemment d’une réduction des problèmes cardiaques— était attendue depuis longtemps. Même si les médecins auraient préféré voir leurs patients adopter de meilleures habitudes de vie… 

Changements climatiques et intelligence artificielle

Le New Scientist a retenu les records de température comme événement marquant de 2023 —et souligne au passage qu’aussi tôt qu’en juin, on pouvait prévoir que l’année 2023 allait battre un record. Tandis que Science retient le « ralentissement de la pompe à carbone » de notre planète, c’est-à-dire les océans. Plus précisément, deux études parues cette année ont confirmé un ralentissement des courants océaniques profonds dans l’hémisphère sud, conséquence de la fonte des glaces de l’Antarctique. Ce ralentissement était prévu par les modèles climatiques, mais pas aussi tôt: alors qu’on estimait jusqu’ici un ralentissement de 40% pour 2050, une des études, parue en mai, estime que les courants ont déjà ralenti de 30% entre 1992 et 2017.

C’est un impact des changements climatiques moins visible que les records de température, mais qui pourrait avoir un effet perturbateur sur l’ensemble des courants océaniques, à travers lesquels voyagent les nutriments, l’oxygène et le carbone. 

Quant au développement frénétique de l’intelligence artificielle, il était assuré de se tailler une place dans les palmarès scientifiques de fin d’année. Mais Science a choisi de faire un pont avec le climat, en soulignant l’arrivée cette année des « prévisions météorologiques par IA ». En novembre, on a appris qu’il avait suffi d’une minute à une IA créée par les chercheurs de Google pour produire des prévisions sur 10 jours, pour n’importe quelle région du monde. D'autres compagnies sont également en lice pour battre de vitesse leur concurrente. Ces nouveaux modèles ne sont pas parfaits: ils ont en particulier du mal à prévoir les événements majeurs comme les ouragans. Mais plus ceux-ci se feront nombreux, à cause des changements climatiques, et plus ces IA seront en demande dans des régions désireuses de se doter de systèmes d’alertes avancées...  

Le 3e paragraphe de ce texte a été modifié pour clarifier la chronologie