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Les fermiers des océans
Les fermiers de demain cultiveront les océans aussi
sûrement qu'ils cultivent aujourd'hui les terres. Et les
résultats de la première expérience à
grande échelle démontrent que cela n'appartient
plus à la science-fiction.
Quelle importance accordez-vous
à cette nouvelle?
Discutez-en dans le forum Science-Presse/Médito
L'expérience en question a été menée
dans l'extrême Sud, là où les océans
Atlantique et Pacifique voisinent le continent glacial antarctique.
Les auteurs sont, le mot est faible, optimistes : il est possible
de "transformer les océans du monde pour en faire
d'immenses éponges à dioxyde de carbone",
lequel est largement considéré comme le principal
responsable du réchauffement global.
Mais la réalité de cette sorte de "géo-transformation"
est, commente la revue Nature, plus complexe, et peut-être
même périlleuse.
Commençons par le commencement. Il
y a d'abord cette expérience, appelée Southern
Ocean Iron Release Experiment, ou SOIREE. Effectuée en
février 1999, elle associe des chercheurs de plusieurs
pays. Elle a consisté à envoyer 8663 kg d'un composé
de fer dans l'océan, à l'intérieur d'une
zone de 8 kilomètres de diamètre, à quelque
2000 km au Sud-Ouest de la Tasmanie, et à mesurer l'impact
que cela aurait sur la croissance du phytoplancton, une plante
marine microscopique, base de la chaîne alimentaire.
Pourquoi du fer? On sait déjà que, dans les
océans, la croissance du phytoplancton est limitée
par la quantité d'azote, de phosphore et de silicium disponible.
Plus il y en a, plus le phytoplancton est heureux et se multiplie.
Sauf dans ces eaux proches de l'Antarctique, où il y a
beaucoup plus de ces composés que le plancton ne peut
en bouffer... et où le plancton est pourtant moins abondant
que partout ailleurs.
De toute évidence, quelque chose d'autre manque. Et
ce quelque chose, c'est le fer. Le fer est aussi un aliment apprécié
du phytoplancton. D'où la question: serait-il possible,
en "fertilisant" l'océan avec du fer, d'accroître
la population de plancton, laquelle population, étant
plus nombreuse, absorbera davangage de dioxyde de carbone, gaz
à effet de serre par excellence? Mieux encore: jusqu'à
quel point les changements climatiques des 400 000 dernières
années n'auraient-ils pas été causés
par des variations des niveaux de fer et de dioxyde de carbone
dans l'alimentation des planctons?
Une première expérience, similaire à
SOIREE, avait été menée en 1995 dans le
Pacifique, près de l'équateur. Le plancton avait
effectivement proliféré. Restait à démontrer
que cela pouvait se produire dans une zone moins fertile des
mers. Et ça a marche. Selon Philip Boyd et ses collègues
de l'Université d'Otago, en Nouvelle-Zélande, six
semaines après le travail de fertilisation, un groupe
de chercheurs a pu observer un ruban de phytoplancton de 150
km de long, qui suivait littéralement à la trace
la zone fertilisée, à mesure que les courants marins
l'entraînaient ailleurs. Leurs résultats sont publiés
dans la revue Nature.
Ceci dit, il faut se garder de voir là-dedans la solution
au réchauffement. Non, prévient Sallie Chisholm,
du Massachusetts Institute of Technology, qui
intervient également dans Nature, il ne suffira
pas d'injecter des quantités massives de fer pour que
les planctons se mettent à contrecarrer l'effet de serre.
"Les océans forment un système complexe, et
il est impossible de prédire les conséquences à
long terme de la fertilisation commerciale des océans."
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