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Virus à l'abattoir
La vache folle, le poulet à la dioxine, le boeuf
aux hormones, et maintenant le porc atteint de fièvre
aphteuse... Il y a décidément de quoi vouloir devenir
végétarien... du moins pour ceux qui ne craignent
pas le maïs transgénique!
Savez-vous ce que vous mangez?
Discutez-en dans le forum Science-Presse/Médito
L'épidémie de fièvre aphteuse qui sévit
chez les porcs de Grande-Bretagne ne peut en aucun cas se transmettre
à l'homme. Cela, au moins, est clair. Mais au-delà
de cette certitude, cette nouvelle tuile, qui suit de près
celle de la vache folle, est une catastrophe pour les éleveurs
de Sa Majesté: dans la seule soirée de dimanche,
800 porcs ont dû être tués puis brûlés,
dans un effort désespéré pour bloquer la
progression de l'épidémie. Et seul le dieu des
agriculteurs sait où cela va s'arrêter.
Car même s'il ne menace pas l'homme, le virus responsable
de la fièvre aphteuse a pour vilaine caractéristique
de voyager très facilement d'une espèce animale
à une autre: par des particules de poussières transportées
par le vent -la météo, pendant les premiers jours,
peut donc faire toute la différence- ou par contact indirect
-par exemple, de la terre qui serait restée collée
à vos chaussures lors de votre visite dans une ferme contaminée,
et que vous auriez transportée jusqu'à la ferme
voisine. La viande d'un animal infecté peut aussi propager
le virus.
Ce qui n'arrange rien, ce virus est évacué par
l'animal infecté quelques jours avant que n'apparaissent
les premiers symptômes -de sorte qu'avant qu'on se rende
compte que l'animal est malade, il a eu le temps de contaminer
tous ses petits amis. Les symptômes: les sabots et la gueule
se couvrent d'ampoules, causant des boîtements et des bavements,
et entraînant des pertes d'appétit. L'animal produit
moins de lait, et peut devenir stérile. Il en meurt rarement.
Dès lundi, 26 février, moins d'une semaine après
le déclenchement de l'alerte, neuf cas de contaminations,
dans autant d'élevages britanniques séparés
par plusieurs centaines de kilomètres, avaient été
confirmés. Avec la très nette possibilité
qu'un envoi de porcs, parti d'une ferme touchée par l'épidémie,
ait
franchi la Manche et soit entré en France avant la suspension
des permis d'exportation, le 20 février. Or, une
"exportation" de l'épidémie, c'était
le scénario du pire, celui auquel nul n'osait croire,
quelques jours plus tôt.
A titre d'exemple, l'un des éleveurs touchés
dimanche, dans le Devon, possédait quelque 600 bovins,
1500 brebis et 13 établissements -qui, tous, étaient
susceptibles d'avoir été contaminés, et
d'avoir propagé la maladie aux quatre coins du pays. Du
travail en perspective pour les vétérinaires chargés
d'inspecter les animaux...
Qu'est-ce que la fièvre aphteuse ?
Mais qu'est-ce que la fièvre aphteuse et pourquoi s'en
inquiète-t-on autant ? Parce qu'elle peut "sauter"
très facilement d'une espèce animale à une
autre -avec pour conséquence qu'une épidémie
qui échappe au contrôle des autorités pourrait
obliger l'abattage... non pas de milliers d'animaux de fermes,
mais
de milliers d'animaux sauvages. Les cerfs, en tout premier
lieu, considérés comme des porteurs "à
risque" de la maladie. Les hérissons et les écureuils.
Les renards et les oiseaux. Bref, tout pour rassurer...
La seule façon efficace d'enrayer une épidémie
de fièvre aphteuse est de brûler les carcasses des
animaux susceptibles d'avoir été contaminés,
et d'isoler complètement les fermes touchées. Et
d'attendre que le virus meurt de lui-même, ce qui prend
deux à trois semaines...
Pas très high-tech, ce qui en dit long sur la
profondeur de notre ignorance de ce virus: à l'heure actuelle,
il n'existe aucun traitement. La dernière épidémie
majeure en Grande-Bretagne remonte à 1967 : elle s'était
achevée par l'envoi à l'abattoir de 442 000 animaux,
après la fermeture de 2364 fermes contaminées.
Les plus pessimistes craignent que l'année 2001 soit aussi
pire que 1967. Les fermes devaient à l'époque être
désinfectées deux fois par jour, et les animaux
épargnés n'avaient pas été autorisés
à sortir dans les champs avant six mois. Déjà,
dans ce pays, plusieurs zoos et parcs naturels ont fermé
leurs portes par mesure de prudence, la chasse a été
interdite et des événements sportifs annulés.
Les gens se sont fait déconseiller de se rendre à
la campagne, sauf en cas d'extrême nécessité.
Un autre cas avait éclaté au Royaume-Uni, en
1981, plus précisément sur l'île de Wight:
200 bovins et 369 cochons avaient été abattus.
La Grèce a également été aux prises
avec quelques cas l'an dernier.
Mais en dépit de cette dernière alerte, ces
dernières années, il se trouvait des experts pour
dire que la
fièvre aphteuse avait été pratiquement éradiquée
d'Europe. Bien qu'encore endémique dans certaines
parties du monde, en particulier l'Asie, une campagne de vaccination
et d'abattage semblait avoir porté fruit. Comme quoi quelques-uns
ont -une fois de plus- péché par excès d'optimisme...
Même si cela devait de toutes façons se révéler
moins pire qu'en 1967, pour les éleveurs de porcs, la
saison est terminée : tous les espoirs de ventes se sont
envolés avec les premières rumeurs, la semaine
dernière.
En 1967, il en avait coûté à la Grande-Bretagne
plus de 300 millions$ en coûts d'abattage et en ventes
perdues, cette année-là et la suivante. Cette semaine,
les ministres de l'Union européenne doivent justement
se réunir à Bruxelles pour discuter des compensations
à verser aux agriculteurs victimes de... la vache folle.
Il risque de ne plus rester beaucoup d'argent quand ceux victimes
de la fièvre aphteuse se présenteront à
la caisse...
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