
Le 4 juillet 2003

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Le peuple empoisonné (4)
(Agence Science-Presse) - Nouvel épisode
dans l'histoire des habitants du Bangladesh empoisonnés
à l'arsenic. Non contents d'avoir exposé,
dans les années 70 et 80, quelques dizaines de millions
de personnes à des niveaux élevés de
poison, les conséquences pourraient à présent
s'élever jusqu'à 3000 morts par année.
C'est la nouvelle estimation qui sort de la
manche des nombreux chercheurs et médecins penchés
sur le drame qui frappe ce petit pays d'Asie depuis qu'une
campagne massive de creusage de puits, financée par
l'aide internationale, a conduit pendant des années
à la consommation d'eaux souterraines contaminées
à l'arsenic.
Les puits en question ont tous été
fermés au début des années 90. Et parce
que le creusage était sous la responsabilité
des autorités britanniques, celles-ci, depuis quelques
mois, se voient obligées de se défendre devant
un de leurs tribunaux, dans le cadre d'un recours collectif
intenté, après maintes difficultés,
par des Bangladeshis.
Et aux 3000 morts possibles par année,
il faudrait ajouter quelque 125 000 cas de cancer de la
peau, ajoute le même rapport, dirigé par Charles
Harvey, géochimiste au Massachusetts Institute of
Technology. Il s'agit d'une évaluation statistique
basée sur les relevés de la Commission géologique
britannique, au début des années 90.
L'étendue du problème dépasse
l'entendement. Au point où la récolte des
données est extrêmement lente, depuis que le
problème a commencé à apparaître
au grand jour, il y a une douzaine d'années. Et le
travail est loin d'être terminé, évalue
Zafar Adeel, un expert de cette crise de l'eau bangladeshi
basé à Hamilton (Ontario). Il faut notamment
savoir qu'il est difficile d'évaluer avec précision
la concentration d'arsenic dans une réserve d'eau
souterraine, parce que cette concentration varie avec le
temps et sur de petites distances.
Résultat: ce n'est pas la dernière
estimation, et le Bangladesh en a pour longtemps encore,
des générations peut-être, à
mesurer l'impact de décisions qui ont été
prises trop hâtivement par des gens venus de très
loin.
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