Une recherche européenne menée
depuis deux ans s'attendait à trouver 1000 cas. Elle
en a trouvé 5000.
Une des raisons est que certains des pays
européens "testés" ont peu de réseaux
qui leur permettent de comptabiliser systématiquement
ces cas. "Il y a eu peu de surveillance dans des pays tels
que l'Italie, Chypre et la Roumanie, explique la microbiologiste
Aftab Jasir, de l'Université Lund, en Suède.
Ces pays avançaient, initialement, très peu
de cas. Mais lorsque tout le monde a commencé à
regarder systématiquement, il s'est avéré
que l'incidence était plus ou moins la même
partout: entre 3,8 et 4 cas par 100 000 habitants."
Sous sa direction, des scientifiques de 11
pays se sont attelés depuis 2002 à la tâche
de recenser systématiquement les cas d'infections
dans leurs pays respectifs de l'Union européenne.
En extrapolant, Aftab Jasir en conclut que les 25 pays de
l'Union doivent abriter environ 20 000 cas par année.
Là où ça devient plus
inquiétant -davantage qu'une simple question de statistiques
mal compilées- c'est lorsque la microbiologiste ajoute
que la présence de la bactérie est à
la hausse, sur la base des données fournies par les
pays où le suivi a toujours été plus
efficace, comme le Royaume-Uni, la République tchèque
et les pays scandinaves. En Grande-Bretagne seulement, le
nombre de cas a doublé depuis cinq ans.
Et ce n'est pas tout: il semble exister plus
d'une variété de cette bactérie, à
en juger par la structure d'une protéine. Cette diversité
signifie que la bactérie peut évoluer rapidement
en fait, qu'elle est d'ores et déjà
en train d'évoluer. Mauvaise nouvelle pour ceux qui,
à travers le monde, travaillent actuellement sur
un médicament même si celui-ci est encore
à plusieurs années dans le futur.
Il faut se rappeler que la plupart des infections
à cette bactérie, de son vrai nom Streptocoque
A, sont bénignes: irritation de la gorge, ou même,
dans certains cas, pas de symptômes du tout. Mais
à l'inverse, dans certains autres cas, devenus illico
les cas-symboles, ce microbe envahit les tissus mous de
notre corps et les muscles, endommageant le cur ou
les reins, ou creusant des trous dans certains vaisseaux
sanguins, ce qui fait dégringoler la pression sanguine
-on appelle ça un choc toxique. La mort peut suivre
dans les 24 heures..., ce qui est d'ailleurs le cas dans
20 à 30% de ces cas extrêmes, même lorsque
le patient est bombardé d'antibiotiques.