La véritable histoire d'Hypatie

La mathématicienne Hypatie a été lynchée à l'aube du Ve siècle. Quelles sont les raisons et les sources historiques sur cet événement ? Qui était Hypatie et que sait-on d'elle ? Antoine Houlou-Garcia vous raconte son histoire.

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    Pour compléter la vidéo, voici les deux chapitres les plus importants pour comprendre la mort d'Hypatie dans le livre VI de l'Histoire de l'Eglise de Socrate le Scolastique (parfois appelé Socrate de Constantinople). On y apprend notamment qu'Oreste était chrétien, ce qui ne l'a pas empêché de s'opposer à l'évêque Cyrille, préfigurant toutes les luttes médiévales entre pouvoir spirituel et pouvoir temporel...

    CHAPITRE XIV. Sédition excitée par des Moines contre le Gouverneur d'Alexandrie.

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    Quelques Moines des montagnes de Nitrie, qui avaient été autrefois animés pat Théophile contre Dioscore, et ses trois frères, étant alors transportés par un zèle trop ardent, prirent les armes pour la défense de Cyrille. Etant sortis de leur solitude, au nombre d'environ cinq cents, ils allèrent dans Alexandrie, et ayant rencontré le Gouverneur Oreste, que l'on portait dans sa chaise, ils l'appelèrent Païen et Idolâtre. Ce Gouverneur jugeant que c'était un piège qui lui avait été dressé par Cyrille, s'écria qu'il était Chrétien, et qu'il avait été baptisé à Constantinople par Atticus. Les Moines faisant peu d'attention à ses paroles, un d'entre eux, nommé Ammonius, le blessa d'un coup de pierre à la tête, et le mit tout en sang. Ses Gardes appréhendant d'être lapidés, s'enfuirent de côté et d'autre; le peuple accourut au secours du Gouverneur, écarta les Moines, se saisit d'Ammonius, et le mit entre les mains du Gouverneur, qui le fit tourmenter avec tant de violence qu'il en mourut. Il écrivit eu même temps aux Empereurs tout ce qui s'était passé. Cyrille leur écrivit aussi, et leur fit une relation fort différente de la sienne. Ayant redemandé le corps d'Ammonius, il le fit enterrer dans une Église, lui donna le nom de Thaumase, et le loua dans ses Sermons comme un Martyr qui avait perdu la vie pour la défense de la piété. Cette action de Cyrille ne fut pas approuvée par tous les Chrétiens, qui savaient qu'Ammonius, bien loin d'avoir perdu la vie pour la foi, n'avait souffert que le juste châtiment de son insolence. Aussi Cyrille s'efforça-t-il d'en ensevelir peu à peu la mémoire dans l'oubli. Mais son inimitié contre Oreste, bien loin de s'assoupir se réveilla par un nouvel accident.

    CHAPITRE XV. Mort de la savante Hypatie.

    Il y avait dans Alexandrie une femme nommée Hypatie, fille du Philosophe Théon, qui avait fait un si grand progrès dans les sciences qu'elle surpassait tous les Philosophes de son temps, et enseignait dans l'école de Platon et de Plotin, un nombre presque infini de personnes, qui accouraient en foule pour l'écouter. La réputation que sa capacité lui avait acquise, lui donnait la liberté de paraître souvent devant les Juges, ce qu'elle faisait toujours, sans perdre la pudeur, ni la modestie, qui lui attiraient le respect de tout le monde. Sa vertu, toute élevée qu'elle était, ne se trouva pas au dessus de l'envie. Mais parce qu'elle avait une amitié particulière avec Oreste, elle fut accusée d'empêcher qu'il ne se réconciliât avec Cyrille. Quelques personnes transportées d'un zèle trop ardent, qui avaient pour chef un Lecteur nommé Pierre, l'attendirent un jour dans les rues, et l'ayant tirée de sa chaise, la menèrent à l'Eglise nommée Césaréon, la dépouiIIèrent, et la tuèrent à coups de pots cassés. Après cela ils hachèrent son corps en pièces, et les brûlèrent dans un lieu appelé Cinaron. Une exécution aussi inhumaine que celle-là couvrit d'infamie non seulement Cyrille, mais toute l'Eglise d'Alexandrie, étant certain qu'il n'y a rien si éloigné de l'esprit du Christianisme que le meurtre et les combats. Cela arriva au mois de Mars durant le Carême, en la quatrième année du Pontificat de Cyrille, sous le dixième Consulat d'Honorius, et le sixième de Théodose.

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