BOSTON - Plusieurs excellentes questions, mais très peu de réponses : c’est ce qui s’est dégagé d’un débat entre deux représentants des candidats à la présidence Hillary Clinton et Barack Obama. Une activité banale à première vue, mais inattendue en raison du contexte : un congrès scientifique, où environ 400 personnes s’étaient entassées dans une des plus grandes salles du centre des congrès.

Il faut savoir que le congrès de l’AAAS n’est pas un congrès scientifique comme les autres : plutôt qu’un lieu où on annonce des découvertes, c’est souvent un lieu de débats et de réflexions, entre autres sur la science et la politique. Qui plus est, l’AAAS a appuyé il y a deux semaines la pétition « Science Debate 2008 », qui réclame un débat sur la science entre les futurs candidats à la présidence : le moment était donc on ne peut mieux choisi.

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Mais Thomas Kalil, de l’équipe Clinton, et Alec Ross, de l’équipe Obama, ont été à ce point prudents, samedi, qu’ils ont laissé la salle sur sa faim. Pas d’engagements originaux, des invitations répétées de la part de Ross à aller voir le site web de son candidat, et des programmes qui ne sont pas si dissemblables. L’AAAS avait également invité les candidats républicains, qui n’ont pas répondu.

L’événement était plutôt dans la salle : elle était remplie à pleine capacité par des scientifiques, des étudiants et des communicateurs assis jusque dans les allées, et griffonnant sur une centaine de bouts de papier « la » question que chacun aurait aimé poser aux candidats.

Leurs deux représentants ont souligné à grands traits que Clinton et Obama ont promis de « dépolitiser la science » —une promesse qu’ils n’avaient pas le droit d’oublier devant un tel public, considérant combien le président George W. Bush a été associé à un nombre sans précédent d’ingérences dans la recherche. Tous deux ont promis de financer à nouveau les cellules souches, d’augmenter le budget des organismes subventionnaires, d’investir dans les biocarburants et d’engager les États-Unis dans la lutte contre les gaz à effet de serre.

Rien de risqué : comme on le leur a fait remarquer, pour se distinguer de George W. Bush, c’est facile! Mais comment allez-vous vous démarquer de John McCain, votre futur adversaire? Kalil et Ross s’en sont sortis, comme à plusieurs autres moments de cette activité, par une pirouette. Aucun n’a un gros passé en science : Kalil est un ancien de l’équipe de Bill Clinton, aujourd’hui adjoint du chancelier de l’Université de Californie à Berkeley; Ross, qui aurait pu passer pour un des étudiants dans la salle, dirige une entreprise sociale fournissant de la technologie aux communautés plus pauvres. Ce n’est pas un d’eux qui risque de devenir le futur conseiller scientifique de la Maison-Blanche...

Mais les promoteurs du « Science Debate » en sont ressortis encouragés. Non seulement voient-ils cette présence comme la preuve que la science commence, enfin, à retenir un peu l’attention des candidats à la présidence, mais en plus, circule depuis la semaine dernière la rumeur d’un débat sur la science le 18 avril à Philadelphie. Si cela devait se produire, ce serait un événement historique.

Une source d’inspiration pour son voisin immédiat, le Canada, qui vient d’éliminer le poste de conseiller scientifique du premier ministre?

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