L’Agence Science-Presse a publié le 21 novembre 1978, il y aura donc 30 ans cet automne, le tout premier numéro de son bulletin, Hebdo-Science. Voici un autre des 30 articles que nous vous offrirons d’ici au 21 novembre 2008, passant en revue certains bons coups... et certains débats qui ont, heureusement, progressé dans la bonne direction...

La destruction de l’ozone dans l’atmosphère serait la pire menace à notre environnement

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Après les pluies acides, les produits toxiques, la pollution atmosphérique et toutes les autres menaces à l’environnement, voilà qu’un nouveau problème —plus menaçant que tous les autres— surgit; il s’agit de la destruction progressive de la couche d’ozone, cette très mince partie de l’atmosphère qui protège la terre des dangereux rayons ultra-violets du soleil.

Des conséquences catastrophiques

Les conséquences possibles de cet affaiblissement sont nombreuses :

- augmentation dramatique des cancers de la peau. Ainsi, l’Agence américaine de protection de l’environnement estime que chaque diminution de 1% de la couche d’ozone pourrait amener 20 000 nouveaux cas de cancer de la peau chaque année, aux États-Unis;

- importants dommages à la vie animale, aquatique et végétale. Au ministère américain de l’Agriculture, on estime que déjà les problèmes reliés à l’ozone causent des pertes de 2 milliards par année aux fermiers américains, en termes de récoltes diminuées;

- augmentation des pluies acides, avec toutes leurs conséquences déjà connues;

- augmentation de la pollution de l’air en milieu urbain.

Un trou dans l’Antarctique

Même si les premiers signes de ce phénomène de raréfaction de l’ozone datent d’une quinzaine d’années, ce sont des études récentes qui ont révélé l’ampleur du problème. Ainsi, on a constaté en mai 1985 l’existence d’un immense « trou » —quatre millions de kilomètres carrés où la couche d’ozone au-dessus de l’Antarctique est anormalement mince. Plus récemment, on a mesuré que la perte d’ozone au-dessus de cette région était de 20% depuis les six dernières années, alors qu’au-dessus de l’Arctique, elle serait de 10%.

Le Canada serait lui aussi touché, car d’autres études révèlent que la couche d’ozone s’amincit à partir du 50e degréde latitude jusqu’au pôle, ceci dans les deux hémisphères.

Les CFC accusés

La situation est sérieuse, au point où le gouvernement américain a lancé cet hiver un avertissement sérieux à la communauté mondiale, demandant entre autres que soit interdite l’utilisation des chlorofluorocarbones dans les bonbonnes aérosol.

Car on est maintenant presque certain que les dommages causés à la couche d’ozone ne sont pas surtout dus à des courants atmosphériques naturels, mais à un phénomène chimique dont l’origine serait la prolifération des chlorofluorocarbones (ou CFC).

Les CFC sont partout : on les utilise dans les systèmes de réfrigération, ils entrent dans la fabrication du polystyrène (styrofoam), ils servent comme solvants dans l’industrie électronique et servent aussi de gaz propulseur dans les bonbonnes aérosol. Cette dernière pratique est désormais interdite aux États-Unis et au Canada. Les principaux CFC accusés sont de type fréon.

Aux États-Unis seulement, l’industrie des CFC a un chiffre d’affaires de quelque 28 milliards$ et fait vivre 700 000 personnes.

Chlore vs ozone

Les chlorofluorocarbones sont extrêmement stables, et leur durée de vie oscille entre 65 et 120 ans. Très légers, ces gaz s’élèvent dans la haute atmosphère et se diffusent vers les pôles. Avec le temps, sous l’effet des rayons ultra-violets, ils libèrent leurs atomes de chlore. Ce sont ces atomes qui attaquent l’ozone.

À l’échelle mondiale, la libération dans l’atmosphère de CFC augmente de 7,5% tous les ans.

L’industrie joue au Ponce Pilate

Les compagnies productrices de CFC reconnaissent qu’il y a un problème, mais refusent d’admettre l’imminence d’un danger. Un porte-parole du géant américain DuPont a indiqué en septembre que la compagnie pourrait disposer de produits de remplacement des CFC dans cinq ans... maisi que ces produits seraient coûteux.

Mais pour les scientifiques concernés, il faut agir tout de suite : « nous ne pouvons pas nous permettre une autre autre période de cinq ou dix ans d’attentisme, tout en continuant nos études », a averti le chercheur californien Sherwood Rowland, un des premiers scientifiques à soulever le problème des CFC en 1974.

Tout en poursuivant leurs études, ces scientifiques réclament une action immédiate des politiciens pour un contrôle international des CFC. La balle est dans le camp des Mulroney, Thatcher, Reagan et Cie.

par Allan McLean, Hebdo-Science, 24 mars 1987

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