Après avoir lu Obama dans ses propres mots, faisons une petite incursion chez Wen Jiabao —premier ministre d’un pays non moins important, la Chine. Dans une de ces rares entrevues individuelles accordées à un représentant de la presse étrangère, le chef du gouvernement chinois a devisé science avec le rédacteur en chef de la revue américaine Science, Bruce Alberts. L’entrevue complète est ici.

Saluant la réaction rapide au tremblement de terre du Wenchuan, le 12 mai, Alberts trace d’abord un parallèle avec le programme chinois d’intégration de la science au développement économique et social. Un développement qui se ferait de manière plus intelligente, lui répond le premier ministre —même les mots « développement durable » sortent de sa bouche— appuyé sur la conservation de l’énergie et la protection de l’environnement.

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Ce qui implique —les écologistes européens tiqueront— un accent sur les organismes génétiquement modifiés (OGM) : « je défend vigoureusement la poursuite des efforts en génie transgénique. La récente crise alimentaire mondiale a renforcé ma conviction. »

Mais ce sont ses propos sur l’ouverture sur le monde qui surprendront encore plus, tant le cliché d’une Chine fermée sur elle-même est bien implanté : dans la crise récente du lait contaminé à la mélamine, le gouvernement est en partie responsable, reconnaît le premier ministre. Toutes les étapes de production doivent se doter de normes précises, « de tests préalables et des responsabilités qui vont avec », au point de pouvoir en répondre devant les tribunaux. « La nourriture, toute la nourriture, doit s’ajuster aux normes internationales. La nourriture exportée doit également s’ajuster aux normes des pays importateurs. »

Et l’énergie, dossier par excellence où la Chine est loin d’être un bon élève? « À présent, chaque année, la Chine produit environ 180 millions de tonnes de pétrole brut et en importe environ 170 millions de tonnes. La production chinoise de charbon dépasse les 2 milliards et demi de tonnes chaque année. Cette énorme consommation d’énergie, spécialement les énergies non-renouvelables, ne pas pas continuer. »

« Nous avons établi pour objectif que notre croissance annuelle du PNB doit s’accompagner d’une réduction de 4% de la consommation d’énergie et de 2% de la demande en oxygène et des émissions de dioxyde soufre chaque année. »

Voeux pieux ou réelles intentions? Wen Jiabao provient d’un cursus scientifique (il a étudié à l’Institut de géologie de Beijing de 1960 à 1968, puis travaillé au sein du Bureau géologique d’une province de l’Ouest de la Chine pendant 14 ans). C’est peut-être ce qui lui procure ce petit quelque chose que ses prédécesseurs n’avaient pas, ou en tout cas, qu’ils n’avaient pas mis de l’avant.

« Le travail que font les scientifiques est devenu fondamental au développement économique et social de même qu’à la vie de tous les jours : par exemple, l’Internet. Par conséquent, les échanges et les collaborations entre scientifiques peuvent aider à promouvoir échanges et coopérations entre pays. Davantage de langage scientifique et moins de rhétorique diplomatique pourraient rendre ce monde encore meilleur. »

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