Les précurseurs des êtres humains auraient vécu en Europe... avant de migrer en Afrique. Ce scénario n’est plus jugé improbable par des chercheurs qui ont mis à jour en Espagne un fossile vieux de 12 millions d’années, dont les caractéristiques le placent à l’origine de la famille des hominidés.

Le fossile nommé Lluc, qui signifie « celui qui illumine » en latin et dont ne subsistent que le visage, la mâchoire et les dent, possède des traits qui sont propres aux grands singes. Entre autres, il a un visage exceptionnellement plat qui le distingue des autres primates non-humanoïdes.

Abonnez-vous à notre infolettre!

Pour ne rien rater de l'actualité scientifique et tout savoir sur nos efforts pour lutter contre les fausses nouvelles et la désinformation!

Le crâne a été découvert lors de recherches de routine dans la région fossilifère de Hostalets de Pierola. Le processus de préparation, long et ardu en raison de la fragilité des restes, a permis de conclure que le primate était un mâle.

Cette découverte décrite le mois dernier dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences par Salvador Moyà-Solà et son équipe de l’Institut catalan de paléontologie de Barcelone, permet de réduire à deux candidats, Kenyapithecus et Griphopithecus, les genres qui pourraient être à l’origine des hominidés. Jusqu’à maintenant, plusieurs pointaient les kenyapithecus, un groupe d’humanoïdes primitifs, comme le groupe duquel avaient dérivé les hominidés.

Or, la trouvaille espagnole est d’autant plus importante que ce fossile qui a le nom scientifique Anoiapithecus brevirostris, partagerait des caractéristiques uniquement avec les kenyapithecus, qui se seraient donc dispersés à l’extérieur de l’Afrique il y a 15 millions d’années. Lluc serait en quelque sorte le chaînon manquant entre les Kenyapithecus et les hominidés.

L’hypothèse a toutes les chances d’être controversée. Déjà, les critiques avancent que la découverte de l’équipe de M. Moyà-Solà est plus le reflet de la (faible) qualité des registres fossiles d’Europe et d’Afrique qu’un nouvel indice sur l’origine des hominidés.

Jay Kelley, paléontobiologiste à l’Université de l’Illinois à Chicago, fait remarquer que la qualité du registre fossile de l’époque en question est bien meilleure en Europe qu’en Afrique. « Si vous avez un registre sur un continent et que vous n’en avez pas sur un autre, naturellement vous allez voir les origines d’un groupe sur le continent où vous avez le registre », a-t-il expliqué au magazine New Scientist .

Paul-André Gilbert

Je donne