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Le lundi 2 juin, les autorités américaines ont dévoilé ce que les plus optimistes ont qualifié du «plus important geste qu’un président américain ait jamais posé pour s’attaquer à la pollution par le carbone». Un programme de réduction des émissions de gaz à effet de serre, et qui ouvre la porte à une taxe sur le carbone. Que s’est-il passé?

Qu’est-ce qui a remis le climat à l’ordre du jour?

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Ce n’est pas le Congrès américain, dont les élus sont plus climatosceptiques que jamais. Mais des sondages dans la dernière année ont semblé indiquer que le vent était en train de tourner dans l’opinion publique. Ça pourrait être une retombée de l’ouragan Sandy —qui, en frappant New York il y a un an et demi, a obligé tous les médias à soudain parler des risques accrus du réchauffement— ou ça pourrait être le résultat de la sécheresse dévastatrice dans l’ouest.

Ce qui est sûr, c’est que la Maison-Blanche a montré des signes avant-coureurs depuis un an, le plus récent étant l’appui accordé, en mai, au rapport qui pointait l’impact potentiel du réchauffement, région par région.

Le plan dévoilé lundi s’accompagne de plus d’une campagne de sensibilisation à l’impact sur la santé qu’aurait une réduction des gaz à effet de serre (diminution des problèmes cardiaques chez les adultes et, chez les enfants, 3700 moins de cas de bronchites et une diminution massive des cas d’asthme). Enfin, cette annonce s’inscrit dans le plan d’action sur le climat qui, en 2013, annonçait des normes plus sévères pour les centrales au charbon.

De quelles réductions parle-t-on?

Une réduction des gaz à effet de serre, d’ici 2030, de 30% par rapport à leurs niveaux de 2005. Il s’agirait, selon le blogue ClimateProgress , de la «première action pour réduire la pollution par le carbone dans l’histoire américaine».

Et une taxe sur le carbone?

S’il y a obligation de réduire les gaz à effet de serre, il y a logiquement une pénalité pour les mauvais élèves. Ce sera à chaque État de voir comment il s’en sort, mais la graine est plantée.

Mais si les sénateurs à Washington sont toujours aussi climatosceptiques, c’est qu’on ne parle pas d’une vraie loi?

Le plan utilise une voie détournée, celle de l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA). En vertu de l’autorité que lui avait conférée le Congrès —il y a 40 ans— pour faire appliquer la Loi pour un air propre —Clean Air Act— l’EPA peut fixer un objectif national de réduction du CO2, tout en laissant aux États le soin de trouver, chez eux, des façons d’atteindre cet objectif.

Du coup, il semblerait que cette directive de l’EPA impose en réalité aux États d’abandonner tout futur projet de centrale au charbon, et de fermer progressivement les autres. Selon les calculs de l’EPA en effet, la production d’électricité est la plus grosse source de gaz à effet de serre aux États-Unis.

Dans le même esprit, l’EPA ne peut pas imposer une taxe à l’échelle du pays, mais on voit mal comment les États pourront se conformer à ces directives sans offrir aux entreprises situées sur leur territoire, soit des incitatifs fiscaux pour les bons joueurs, soit des pénalités pour les mauvais.

Une taxe sur le carbone: une révolution?

Pas autant qu’on pourrait le croire. En dépit de toute la mauvaise publicité qui lui est associée depuis 10 ans à Washington —et à Ottawa— une taxe sur le carbone est d’ores et déjà une réalité dans 10 États américains, dont la Californie. Cette dernière, en compagnie du Québec, a même mis en place son propre marché du carbone. Dans un dossier publié dimanche, le New York Times écrivait qu’un impact probable de l’annonce que s’apprêtait à faire l’EPA sera «d’encourager d’autres États à adopter un système comme celui de la Californie».

Des réactions?

L’industrie du charbon n’a pas apprécié, pas plus que les opposants politiques habituels. Étonnamment toutefois, des élus dont les États sont de gros producteurs de charbon, ont rapidement salué l’annonce de l’EPA.

À Ottawa, le premier ministre Stephen Harper a plutôt accueilli le plan avec scepticisme. Radio-Canada souligne au passage que la part du charbon est moins élevée dans les émissions canadiennes de gaz à effet de serre: 12% contre 25% aux États-Unis.

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