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Il y aurait trois fois plus de fuites de méthane aux États-Unis que ce qu’estimaient les relevés gouvernementaux officiels. Selon les résultats de la plus grosse compilation de données effectuée sur le sujet, cela représenterait 6,2 millions de tonnes par année.

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La compilation en question provient de près d’un million de mesures aériennes des plus grosses sources de ce gaz à effet de serre, sources qui représentent 52% des installations de production de pétrole et 29% des installations de production de gaz naturel. Selon les chiffres publiés le 13 mars par une douzaine de chercheurs californiens, les fuites représenteraient 2,95% de la production totale de gaz naturel, trois fois plus que l’estimation de l’Agence de protection de l’environnement des États-Unis (qui était de 1,01%), et 50% plus que des estimations remontant à 2018

Le méthane est invisible à l’oeil nu: il apparaît toutefois dans l’infrarouge, et c’est de cette façon qu’il a été « vu » du haut des airs —de la même façon qu’il est « vu » par les satellites qui commencent à dresser une carte mondiale de ces émissions. On sait depuis longtemps que les raffineries et les pipelines en laissent échapper, mais il a toujours été difficile d’avoir des données précises, en-dehors de celles que les compagnies veulent bien fournir. 

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Même l’industrie aurait pourtant intérêt à mieux mesurer le tout: les 6,2 millions de tonnes de méthane représentent une perte annuelle d’environ 1 milliard$ US, au prix actuel du marché. Par ailleurs, le plus gros de ces émissions provient d’un petit nombre de sites. Ce qui veut dire qu’il serait, en théorie, relativement facile de réduire ces fuites.

Le fait qu'il y ait un aussi grand écart entre les estimations officielles et réelles a de quoi inquiéter ceux qui mesurent le risque à long terme: le méthane est un gaz à effet de serre dont le potentiel de réchauffement « sur 100 ans » est au moins 25 fois plus élevé que le CO2. La seule « bonne nouvelle » étant qu’il demeure moins longtemps dans l’atmosphère —un kilo y reste en moyenne une douzaine d’années, contre au moins une centaine d’années pour le CO2. 

Au Canada, les émissions « officielles » de méthane dont l’humain est responsable provenaient, en 2021, de l’industrie pétrolière et gazière (41%), de l’agriculture (31%) et des déchets (20%).

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