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La catastrophe de Lac Mégantic, il y a plus d'un an, n’a pas freiné la soif du pétrole au Québec. De nombreux élus municipaux et des citoyens ont fait part de leur inquiétude à l’idée que des trains et des pipelines chargés de pétrole traversent leurs villes, près des écoles et des résidences. Malgré tout, les projets ont continué à progresser.

Il aura fallu attendre l’automne pour avoir une idée un peu plus précise de l'itinéraire de 700 km qu’empruntera le pétrole albertain, issu des sables bitumineux, à travers la province jusqu’à Cacouna, le futur port pétrolier d’exportation. Le tracé, encore non définitif, menace la réserve naturelle des battures de Saint-Augustin-de-Desmaures à la biodiversité unique.

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Du côté de Cacouna, pendant que les sondages sous-marins ont débuté en vue de la construction du futur de port pétrolier, et alors que les experts de la compagnie tentent d’expliquer le renversement des flux de pétrole au sein de l’oléoduc, les citoyens ont découvert que des superpétroliers, comme le Minerva Gloria long de 250 mètres, arpentaient déjà le fleuve.

De nombreux citoyens ont demandé une évaluation environnementale et une véritable protection des bélugas. Des experts indépendants se sont aussi montrés préoccupés de l’implantation du projet au sein de l’habitat de cette espèce en déclin.

Le projet a tourné à la saga lorsqu’on a découvert, par l’intermédiaire de Greenpeace, la stratégie de communication de la compagnie TransCanada, incluant l’idée de faire mousser le terme «ressources naturelles» aux dépens de «sables bitumineux» pour rallier la population au projet. Les détails croustillants de ce plan de communication, préparé avec l’agence de relations publiques Edelman, révélaient une campagne de mobilisation soi-disant citoyenne et des actions pour discréditer les détracteurs.

En décembre, Philippe Couillard, premier ministre du Québec ne soutient plus ce projet, du moins dans sa mouture actuelle rappelant les sept conditions préalables à son éventuelle implantation, soit l’acceptabilité sociale du projet, une évaluation environnementale, un plan d’intervention et de mesures d’urgence, etc.

Alors que le prix du baril de pétrole a poursuivi sa chute et que les bélugas ont fait l’objet d’une nouvelle classification —espèce en voie de disparition—, le gouvernement québécois ne renouvelait pas le certificat d’autorisation à TransCanada et demandait une pause dans le Projet Énergie-Est.

Dans les eaux bleues du Saint-Laurent, les grands risques de déversement de pétrole et le risque de perdre les derniers bélugas mobilisent également les citoyens. En parallèle, l’île d’Anticosti et la Gaspésie attirent encore la convoitise des pétrolières. À Anticosti, les équipements de forage débarquent en juillet malgré l’étude du géologue Marc Durand réduisant l’espoir de la manne tant espérée à un faible 2% d’extraction pour 12 000 puits – en étant optimiste. Junez, Pétrolia et les autres compagnies ont décidé tout de même d’aller de l’avant. Les forages redémarrent aussi en Gaspésie avec le projet Galt.

En réponse à l’alerte donnée par cinq scientifiques sur l’insuffisante protection du Règlement sur le prélèvement des eaux et leur protection, le premier ministre Philippe Couillard promet toutefois un projet d’évaluation environnementale stratégique pour 2015 et une loi destinée à encadrer l’ensemble de la filière des hydrocarbures au Québec.

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