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Les médias ont fait grand cas la semaine dernière d’une étude annonçant une hausse des océans de plus d’un mètre si la fonte de l’Antarctique s’accélère. Mais la véritable inquiétude est ailleurs: la fonte de l’Antarctique pourrait être bientôt impossible à arrêter.

Ce n’est pas la première fois que des chercheurs concluent que les glaces de l’Antarctique sont moins stables qu’on n’a coutume de le dire. Mais leurs voix ne portaient pas loin jusqu’ici : le dernier rapport du GIEC, en 2013, s’en tenait encore à la vision prudente, celle voulant que l’Antarctique ne contribuerait qu’à quelque 40 centimètres de la hausse globale des océans d’ici 2100.

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Mais dans l’étude publiée le 31 mars dans Nature , le paléoclimatologue David Pollard et le géologue Rob DeConto ajoutent aux modèles courants le réchauffement des courants océaniques, qui grignote les bordures de la calotte glaciaire de l’ouest de l’Antarctique, et la hausse globale des températures, qui fait fondre la partie supérieure. L’accélération de cette fonte agrandit les fissures et produit une réaction en chaîne qui, disent-ils, fragmentera plus vite les gigantesques glaciers du continent antarctique. La calotte de l’ouest de l’Antarctique, qui fait la taille du Mexique, commencerait à se désagréger dans les années 2050.

De là leur calcul d’une hausse de plus d’un mètre d’ici l’an 2100, si la hausse de la température planétaire dépasse les deux degrés par rapport au XIXe siècle.

Et leurs calculs, qui prennent en compte trois scénarios —une augmentation de deux, trois et quatre degrés— ne s’arrêtent pas là. Une fois cette réaction en chaîne enclenchée, elle ne s’arrêtera pas avant des générations. Dans le scénario du pire —quatre degrés— c’est à une hausse de 15 mètres du niveau des océans à laquelle on ferait face en 2500.

Quinze mètres, c’est au-delà de tout ce que la plupart des villes côtières pourraient contenir, à moins de s’enfermer derrière de gigantesques murailles. Si un tel scénario se réalise, d’immenses territoires habités par des centaines de millions de personnes devront être abandonnés.

Les commentaires des experts recueillis un peu partout ont été globalement positifs : « DeConto et Pollard proposent ici un des modèles les plus sophistiqués qui représente l’écoulement de l’Antarctique dans son ensemble » déclare dans Le Monde la paléoclimatologue Valérie Masson-Delmotte. Leurs projections « concordent avec notre étude récente » déclare dans Nature le co-auteur d’une étude qui, en décembre, concluait pourtant à une hausse de seulement 30 centimètres d’ici 2100, mais soulignait que d’autres éléments non pris en compte tels que la fonte des glaces de surface, pourraient accélérer le processus.

Reste à savoir si d’autres chercheurs pourront confirmer ces projections en réanalysant les données sous d’autres angles.

Si c’est un processus connu des glaciologues, et si des chercheurs l’avaient évoqué auparavant, c’est parce qu’il s’est déjà produit : DeConto et Pollard se sont appuyés sur les dernières déglaciations, l’une il y a 115 à 130 000 ans, et l’autre il y a 3 millions d’années. Chaque fois, le niveau des mers était de plusieurs mètres plus élevé qu’aujourd’hui —voire de 10 à 30 mètres, il y a 3 millions d’années. Sauf que c’étaient là des processus qui s’étalaient sur des milliers d’années —alors que ce qu’on observe à présent dans l’Antarctique pourrait avoir lieu du vivant de gens qui sont aujourd’hui dans leur enfance.

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