Halszkaraptor

C’était un petit dinosaure marin, avec le cou d’un cygne et les membres supérieurs d’un pingouin. Mais ça pourrait aussi être un faux. Parce que sur le marché des dinosaures, les fossiles les plus beaux se vendent très cher.

Les premières réactions étaient pourtant positives : les paléontologues qui en ont fait l’analyse à l’Université de Bologne ont affirmé la semaine dernière, dans la revue Nature, que le morceau de pierre de 40 cm de côté dans lequel se trouve ce fossile était fait d’un seul bloc : autrement dit, il ne s’agirait pas d’un « collage » — le crâne d’une espèce qui aurait été collé sur le corps d’une autre, comme l’histoire récente des fraudes en a fourni plusieurs exemples. Ils ont baptisé leur bestiole Halszkaraptor.

Bien des paléontologues se sont montrés prudents depuis l’annonce. Tout d’abord, l’histoire de sa découverte est suspecte : il aurait été mis à jour dans le désert de Mongolie, passé en contrebande au Japon puis en Grande-Bretagne, avant d’aboutir en 2015 chez un collectionneur privé, en France, qui a contacté un ami paléontologue.

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Ensuite, il y a vraiment un marché noir pour les fossiles de dinosaures. Plus il est beau — ou étrange — et plus les enchères montent, surtout depuis que le musée des sciences de Chicago a payé 7,6 millions $, en 1990 pour le fossile — authentique — le plus complet jamais exhumé d’un tyrannosaure. Et il se trouve que le point de départ de ce marché noir est souvent en Chine… ou en Mongolie. Avec des « artisans » qui ajoutent des traces de plumes à un fragment de fossile — les dinosaures à plumes ont la cote — ou lui collent une crête ou des dents sur le crâne. Une étude parue dans Science en 2010 estimait que 80 % des spécimens de reptiles marins dans les musées locaux et régionaux de Chine avaient été « altérés » à différents degrés.

Si la plupart de ces « pseudosaures » sont faciles à identifier par les experts, reste que cet Halszkaraptor est dans une catégorie à part. Comme les paléontologues ont passé la pierre au tomodensitomètre (connu par son acronyme anglais, CT-scan) à la recherche de fines traces qui auraient pu démontrer un collage, et qu’ils n’ont rien vu, il faudrait conclure que s’il s’agissait d’un faux, ses « artisans » auraient été particulièrement habiles, et chanceux : il leur aurait fallu fusionner deux pierres de grès du même âge et de même apparence — par exemple, la tête et le cou d’un côté, la partie centrale du corps de l’autre. Un exploit qui forcerait l’admiration, mais qui n’est pas impossible dans l’état actuel de la technologie.

Et s’il est authentique, alors on est vraiment devant une espèce inconnue, genre d’hybride avec des caractéristiques d’oiseau, de reptile aquatique et de reptile semi-aquatique.

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Représentation d'artiste - Lukas Panzarin

 

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